know no better /sosuke.

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-- KNOW NO BETTER --
(sosuke & izumi)

Sa joue s'écrase sur son poing fermé, ses sourcils se froncent légèrement. Il a presque l'air désemparé, Izumi, quand il jette un coup d'oeil vers l'extérieur inondé. La pluie n'a pas cessé depuis hier soir, les gouttes se sont acharnées avec violence contre les vitres de l'appartement, troublant son sommeil. Il sent comme une barre sur son front, il a les paupières lourdes de fatigue et pourtant, rester trop longtemps au lit est exclu. Il avait du ménage à faire, de la vaisselle, et un peu de travail aussi, des papiers à remplir et à signer, la voisine du dessus à aider -elle voulait installer un nouveau meuble chez elle mais ses bras trop frêles ne le supportaient pas, alors elle s'est tourné vers lui et son âme charitable, ses bras tout aussi maigres et son incapacité légendaire à refuser quoi que ce soit à deux yeux se posant sur son visage, le scrutant, le détaillant-. Il a mal aux muscles, maintenant. Il aimerait bien sortir, pouvoir marcher un peu, flâner dans des boutiques, se poser dans un café pour savourer un thé vert, sortir d'ici. Il a l'impression d'être le lionceau en cage depuis quelques heures, à tourner en rond. Et Sosuke dort encore, Sosuke n'est pas troublé par la pluie, par le travail, par les voisins. Il se dit qu'il devrait aller le réveiller, il est … coup d'oeil en direction de son portable, déjà l'après-midi. Qui dort autant, si ce n'est un adolescent ? Izumi secoue doucement la tête, se redresse rapidement du canapé, s'avance jusqu'à la porte du garçon. Sa main se dresse, le poing fermé, prêt à frapper avec violence, avec acharnement jusqu'à ce qu'il se réveille en grinçant des dents. Un sourire nait sur ses lèvres, s'étire et se perd finalement ; non, il ne peut pas faire ça. Sosuke doit être fatigué pour dormir autant. Alors il lâche ce poing qui retombe contre lui dans un soupir. Il retourne en cuisine et se met à préparer des plats pour s'occuper un peu. Il réunit même les ingrédients qui plaisent le plus à son colocataire, et cette fois une autre sorte de sourire s'installe sur ses lèvres pleines. Il ne sait pas vraiment pourquoi il a ce quelque chose qui s'agite en lui, à l'idée de faire plaisir à Sosuke. Il ne sait pas pourquoi il s'échine à faire tout ça pour lui, il le déteste pourtant, non ? Il l'agace et le rend dingue. Et pourtant, quand il sent sa présence, quand il prononce son temps -un son sourd, qu'il gronde plus qu'il ne prononce la plupart du temps-, quelque chose s'épanouit en lui, un doux incendie qui met le feu à ses veines, le feu à ses sens, le feu à son cœur. Izumi préfère mourir que de l'avouer, que de se l'avouer. Il ne fait que le ressentir, pas le penser. On s'agite dans la chambre à côté, il ne redresse pourtant pas le menton quand il entend ses pas. « enfin debout ? Est-ce que tu sais quelle heure il est au moins ? »

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Il est au milieu d’un jazz band. Le seul bridé au milieu d’une clique endiablée ; le saxo est enflammé, le batteur se lance dans une impro et les percussions résonnent dans le torse de Sosuke. Il est derrière le piano, et sur scène il reconnaît Coleman et Coltrane, y’a même Billie Holiday qui est annoncé dans la seconde partie, et en face de lui, caché en coulisse, il reconnaît Ellington et il n’a jamais été aussi effrayé de toute sa vie. Il joue comme un démon, ses doigts qui dansent sur les touches du clavier lui sont totalement étrangers. La salle semble bouger en rythme, et puis, soudainement, tout le monde s’arrête et se tourne vers le piano. Vers Sosuke. C’est le moment du solo. Et Sosuke n’est pas prêt, il hoche la tête, et comme il n’a pas l’air de se faire comprendre il secoue un peu plus rapidement sa caboche de droite à gauche, baragouinant en japonais qu’il ne peut pas. Mais personne ne le comprend. Et soudainement, Sosuke, il se dit que le band, que la salle, que tout le monde n’attend pas le solo du pianiste, non. Ils sont tous là, à la fixer, à se demander ce qu’un Japonais fait là. Ce que Sosuke fait là. C’est comme une tâche qu’on n’a pas remarqué sur sa chemise blanche et qu’on découvre dans une stupeur paralysante. Quand le saxophoniste balance son instrument vers Sosuke comme un batteur de baseball ferait swinger sa batte vers la balle, il se réveille. Il grimace. Il se frotte les yeux et il gémit d’une voix faible, inarticulée. Son corps est engourdi. Sa tête tourne. La chétive lumière qui traverse les rideaux l’assaille et l’agresse ; il se cache pendant quelques secondes sous sa couette, mais il ne pourra plus se rendormir. Il ne veut plus se rendormir. Il ressent une douleur au coin de la mâchoire, là où s’est abattu le saxophone dans son vil cauchemar. Il ronchonne, grogne, râle le visage enfoncé dans son oreiller avant de le lancer dans sa chambre et de se lever péniblement. Il ressent encore les excès de la veille. Le trop plein d’alcool, qu’il a libéré dans une ruelle du quartier, mais qui se joue encore de lui. La musique, bien trop forte, qui résonne encore dans sa tête. Il grommelle, une nouvelle fois, les bras branlants, et comme un revenant il traîne des pieds pour sortir de sa chambre, aguiché par l’odeur de nourriture qui se répand dans l’appartement. « Unomi ! », qu’il crie, plaintif, telle la lamentation d’un animal blessé. Un sourire se dessine sur son visage encore quelque peu endormi, les yeux à peine ouverts. Un sourire empli de malice et d’espièglerie. C’est ce qu’Izumi provoque en lui. De la malice et de l’espièglerie. Une envie permanente de la taquiner, de le bousculer, de le provoquer, de se mesurer à lui. Une envie permanente de l’enlacer, de l’étouffer, de le coller, d’être le plus envahissant possible. Sosuke jette un regard furtif vers l’extérieur : le temps ne s’est pas calmé. Il s’approche de son colocataire et balaie la réflexion que ce dernier lui adresse. « Enfin ? Tu avais hâte ? Tu t’ennuyais ? C’est ça, tu t’ennuies de moi ! » qu’il lance alors qu’il se colle contre le dos d’Izumi. « C’est l’heure du câlin à Unomi », qu’il soupire en serrant son colocataire contre lui, peut-être un peu trop fort, peut-être un peu trop brusquement, mais assez pour le faire sourire. « Commence pas à être grincheux ! » qu’il souffle en desserrant son étreinte. Il se décale pour se mettre à côté d’Izumi et regarder quelques secondes ce qu’il est en train de préparer, avant de se diriger vers le frigo. Il prend un onigiri de la veille qu’il fourre dans sa bouche, avant d’en prendre un second et d’attraper une banane avec sa main libre. Il sait qu’Izumi prépare de quoi manger, il a remarqué avec amusement qu’il a pris soin de ne prendre que ses aliments préférés, mais son estomac crie famine. La bouche pleine, il retourne à côté d’Izumi pour saliver et l’observer s’affairer. Il fourre la seconde boulette de riz dans sa bouche et pèle sa banane. Entre deux bouchées : « Hier soir c’était géant – j’étais à shibuya – sentā-gai – je suis tombé sur une fille, belle fille, j’ai jamais rencontré quelqu’un qui mangeait autant » qu’il dit dans un éclat de rire, manquant de recracher un morceau de banane mélangé à du riz. Il se reprend, avale et bouscule légèrement son colocataire. « Tu aurais dû venir », qu’il finit, nonchalamment, faisant en sorte de sembler prêter plus d’importance à sa banane qu’à la présence d’Izumi lors de ses virées nocturnes.

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Le dimanche s'ouvre comme une parenthèse dans leurs semaines respectives. C'est le dimanche qu'ils se retrouvent vraiment tous les deux, quand personne ne reçoit l'appel d'un tel qui leur demanderait de les rejoindre à l'autre bout de Tokyo. En entendant les pas traînants de Sosuke, Izumi se prend à bénir cette pluie car il sait qu'aucun portable ne viendra troubler leur après-midi. « oui... il ne manquait que toi pour rendre ma journée radieuse. » Il ne bouge pas vraiment pour l'accueillir, ne lève pas la moindre main, ne fait pas le moindre hochement de tête pour lui dire bonjour. Une pique simplement, trop douce pour quelqu'un de son calibre, mais à laquelle il s'empresse de répondre. Izumi tente de cacher un sourire quand ses bras s'enferment autour de lui, tente de faire fondre ce rire qui s'invite dans sa voix, le masquant en agacement. « arrêêêête, je suis pas une peluche » Il les aime pourtant, les câlins de Sosuke. Il aime cette pointe de brutalité, et la caresse de ses mains sur son t-shirt. Il en voudrait plus, il voudrait sentir son souffle dans sa nuque un peu plus longtemps. Mais c'est un secret bien gardé, qu'il ferme à double tours pour que personne ne puisse le voir, pour que personne ne puisse soulever la moindre question ; fermé de tout le monde, même de lui qui ne fait que se mentir à lui même depuis ce jour où Sosuke a posé ses valises dans cet appartement. Alors il se débat un peu, pour faire fuir ces mains qui s'invitent un peu trop près de son secret ; jette un œil noir en sa direction, s'invente glacial l'espace d'une seconde, avant de reprendre la préparation de ses mets, cuisinés uniquement pour son vandale de colocataire. Il se tait mais ça ne sert à rien, Sosuke a l'art de combler les vides... même s'il parvient à tordre le léger sourire d'Izumi en une grimace. Les yeux levés au ciel, il souffle. « ça vous faisait un point commun, au moins. » prends le comme tu le sens ; lui, c'est surtout à la beauté de ses traits qu'il pense. Puis, Izumi est persuadé que cette fameuse jeune femme était loin d'être belle, juste parce qu'il a envie de s'en convaincre. Sinon, elle serait autour de cette table elle aussi, non ? Sosuke aurait glissé un bras autour de ses hanches et de quelques mots, de quelques rires, de quelques souffles, elle se serait retrouvée ici ; comme une entorse à leur faible harmonie, apportant une autre vis à la mécanique de sa jalousie. Il s'arrête quelques secondes, ses doigts ne s'agitent plus dans ses préparations. Ses yeux divaguent vers le mur en face deux, avant de retrouver le visage de Sosuke, les yeux de Sosuke. « et puis pourquoi est-ce que tu sors comme ça tous les soirs, sans forcément retrouver quelqu’un en particulier ? cette fille, tu vas la revoir, tu te souviens encore de son prénom ? » il ne comprend pas son fonctionnement. « tu n’as pas envie d’être simplement avec tes amis, ou avec … » il hésite « quelqu’un de plus officiel, pas une simple inconnue qui mange comme une baleine ? »

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Il est à côté d’Izumi. Les coudes appuyés sur le plan de travail, banane à moitié dévorée dans une main, menton dans l’autre, il regarde les mains de son colocataire. Elles le fascinent, rapidement, sans raison apparente. Il les observe avec intérêt, même si un regard extérieur pourrait conclure que Sosuke est simplement perdu dans ses pensées. Il scrute quelques secondes de plus les mains d’Izumi, avant de remonter lentement vers son avant-bras, vers son épaule, vers son cou. Il s’attarde sur son cou, croquant mécaniquement dans la chair de sa banane tout en perdant son regard vers la nuque d’Izumi. Ses yeux reprennent leur inspection, dessinant la forme de son oreille avant de tracer la ligne de sa mâchoire, puis d’admirer une de ses jolies pommettes. Son regard finit sa course dans celui d’Izumi, qui baragouine quelque chose, à propos de quelqu’un. Il entend les mots ‘officiel’, ‘baleine’, et il fronce les sourcils en détournant son regard. Il n’était concentré qu’à regarder son ami, pas à boire ses paroles. Izumi est un mystère, et Sosuke a bien peur de ne jamais pouvoir en trouver la solution. Il ne s’était pas posé de question, le jour où il a posé ses valises, le pied conquérant, le regard déterminé à annexer son nouveau royaume et à en devenir le maître. La colocation, c’était nouveau pour lui. Vivre avec quelqu’un de son âge, encore plus. Izumi lui avait semblé sympathique. Un bon gars. Jamais il n’aurait pensé qu’Izumi finirait par provoquer en lui un trouble. Un trouble pour lequel il n’a pas vraiment d’explication. Là, à le regarder sans grande discrétion, il a senti cette vague d’émotion lui donner des frissons des orteils jusqu’aux oreilles. Il a senti ses pieds quitter le sol quelques secondes, comme s’il devenait aussi léger qu’une plume. Il soupire. Hausse les épaules. Il essaie de remettre dans l’ordre les mots d’Izumi. « Hmm parce que je veux m’amuser ? Tu devrais essayer, quelques fois » qu’il marmonne en mâchant le dernier bout de banane. Il ne lui reste plus que l’épluchure qu’il fait balancer au bout de ses doigts. « Et pour te répondre, je devais la rejoindre ce midi pour déjeuner avec elle mais ... » il hausse à nouveau les épaules, un sourire amusé aux lèvres alors qu’il désigne l’horloge d’un petit geste du menton « mais je pense que je lui ai posé un lapin ». Il se redresse et se tourne vers l’évier, passant sa main libre dans les cheveux d’Izumi pour les ébouriffer. Il fait couler de l’eau chaude, s’éloigne de l’évier pour jeter la peau noircie de la banane et attraper un sachet de thé qu’il pose dans la première tasse qu’il aperçoit. Quand l’eau est la plus chaude possible, il remplit sa tasse et retourne aux côtés d’Izumi. « Quelqu’un d’officiel ? » son estomac se retourne, quelques secondes, et un nouveau sourire amusé se dessine sur ses lèvres qui s’entrouvrent, prêtes à former une réponse, avant de se refermer. Sosuke sait qu’il n’aurait jamais réellement ressenti toutes ses choses anonymes qu’il ressent pour Izumi, toutes ses choses qui restent floues et obscures pour lui, il sait qu’il n’aurait jamais ressenti ces frissons s’il n’avait pas remarqué le comportement de son ami envers lui. Des attentions. Des remarques. Des mots. Peut-être qu’il se trompe. Peut-être que c’est lui, Sosuke, et lui seul qui est assailli par ces vives émotions. Peut-être qu’Izumi est simplement gentil. Sosuke ne sait pas vraiment, mais il s’est persuadé qu’Izumi n’est pas indifférent envers lui. Ca lui donne des ailes, à Sosuke. Il aime plaire. Il aime jouer. Il n’aurait jamais imaginé qu’Izumi puisse s’intéresser à lui, et maintenant qu’il s’en est convaincu, Sosuke prend un plaisir malsain à le torturer. Parce que Sosuke n’avouera jamais ce qu’il ressent en premier. C’est à Izumi de le faire. C’est la faute d’Izumi, tout ça. C’est Izumi qui le rend fou. « Quelqu’un d’officiel … » qui répète, levant les yeux au plafond pour mimer un état de réflexion. « T’es un génie, Unomi » qu’il dit. « C’est ça, le vide que je ressens en moi ? » il se tourne vers son colocataire, lui attrape le bras. Lancé dans sa tirade mélodramatique, Sosuke pose une main sur son cœur et perd son regard à travers la fenêtre. « C’est ça qui me manque. Quelqu’un qui soit toujours là pour moi, qui pense en permanence à moi, quelqu’un qui me prépare des bons petits plats, qui m’aide à me coucher dans mon lit quand je me trompe de chambre, quelqu’un qui m’ouvre la porte au milieu de la nuit lorsque je perds mes clefs… Non attends, ça c’est toi ! » qu’il dit en lâchant brusquement le bras d’Izumi et en reprenant son sérieux. « Je t’ai toi, déjà, alors j’ai besoin de personne d’autres, tu t’occupes déjà très bien de moi je trouve » qu’il dit en pinçant la hanche d’Izumi. Une fois. Deux fois, et une troisième fois, avant de prendre ses distances, un sourire diabolique sur son visage amusé.

» nakatani sosuke
» always ends in a hazy shower scene -- sosuke