bad girl (ft nino)

all with style ♡ Ses paupières peinent à rester ouvertes, et c’est avec un empressement certain qu’elle avale la dernière gorgée de son café, craintive d’avoir pris trop de temps pour se mettre en route. Le rendez-vous est pour 16h, c’est ça ? Et c’est la première fois qu’elle se pointe à l’université. L’idée lui donne des frissons, de la honte de ne pas faire partie de tous ces gens éduqués, mais tant pis : la paie est bonne. Elle ne peut pas se permettre de dire non à un job, surtout un qui est assez flexible pour lui permettre de le caler entre deux shifts chez McDo et les virées sur son vélo. Elle a trop bu la veille. Ses pensées sont un peu troubles, et elle se hait de s’être laissée aller une seconde, tout en sachant que trop bien le regret qui lui tomberait dessus le lendemain. Elle roule dans son drap, grimace face au son des ressorts de son lit qui grincent. Elle pose son thermos vide sur sa table de nuit et finit par se redresser, pose les pieds à terre et s’étire longuement. Elle sent ses côtes pousser contre sa peau translucide, et prend soin de s’étirer un peu trop loin, pour que la douleur vienne réveiller ses membres engourdis.

Des pas lourds la mènent jusqu’au placard, elle attrape distraitement les vêtements les plus pétant qu’elle arrive à trouver. Elle pose pour son visage aujourd’hui, même si, dans un excès qui lui est propre, Mei a tout de même insisté en prenant le job pour avoir des plages de nu. Pour l’instant elle n’a pas obtenu gain de cause, mais elle ne compte pas abandonner. Elle aimerait plus que tout avoir des élèves de première année peu habitués à avoir une femme nue devant eux, si quelques uns en avaient des saignements de nez ça ne serait que plus satisfaisant.

Une fois prête, elle verrouille son appartement et va chercher son vélo derrière l’immeuble. Elle grimace, il est rouillé, et pourtant elle n’a pas du tout la motivation d’y changer quoi que ce soit. Il lui est deux fois pénible d’y pédaler, mais elle accueille l’essoufflement et la douleur avec une joie étrange. Le trajet jusqu’à l’université se fait sans trop d’embuches. Elle attache son vélo à l’écart du campus et fait le reste à pied. Son corps est étrangement tendu d’être dans ce genre d’environnement, et elle croise les bras sur sa poitrine semi inexistante dans une position de repli. Pour une fois, les regards qu’on peut porter sur elles n’envoient qu’une sensation glaciale au creux de son estomac.

Elle est arrivée quelques minutes en retard. Les élèves sont déjà à l’intérieur, et elle sourit pour la première fois en imaginant son entrée. Elle se repaît déjà de tous les regards qui viendront caresser son visage et son corps. Elle ouvre la porte lentement et finit par entrer : la salle est assez petite pour que personne n’y échappe, et dans un silence presque gênant, elle vient se poser sur le tabouret qui semble être là pour elle. Elle soupire et prend le temps de croiser le regard de chacun des élèves de l’assemblée. Elle s’arrête particulièrement sur une jeune femme, et lui adresse un demi sourire calculé, en se souvenant l’avoir vue au club il y a une semaine ou deux. Son visage est tellement poupin. Innocent. Elle sent ses entrailles se tordre d’envie mais quitte finalement son regard pour prendre la pose qui sera sienne les prochaines heures.

Elles s’écoulent lentement. Et parfois, joueuse, elle vient rencontrer son regard, juste pour jauger de l’effet qu’elle lui fait. Peut-être rien. Peut-être que tout est dans sa tête. Mais chercher est déjà assez satisfaisant pour son âme, et remplit un petit peu de l’ennui qu’elle ressent face à cette immobilité. Ses membres la supplient de se mouvoir. Quand enfin la fin du cours est annoncée, elle rejette la tête vers l’arrière et laisse un soupir lui échapper, s’étire en nouant ses mains derrière elle, sent quelques hommes qui profitent du spectacle et en sourit légèrement. Elle a peur que la fille file. Alors elle s’approche d’elle et vient lui déposer un baiser sur la joue. “On se connaît non ? Mais je ne sais plus d’où.” Premier mensonge, mais qu’importe. Elle la détaille sans honte et laisse sa poitrine frôler son épaule.

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all with style ♡ Elle soupire en tirant sur la manche de son blouson jaune. Nino a la désagréable impression d’être le centre de l’attention depuis ce matin. Depuis qu’elle a quitté la maison avec cette veste. Ce n’est que son imagination. Elle n’aurait jamais acheté un vêtement de cette couleur si une amie ne lui avait pas forcé la main. Elle l’aurait regardé avec envie dans le magasin jusqu’à partir les épaules abaissées par le regret de ne pas oser. Maintenant elle croit que tout le monde la regarde. Alors qu’au Japon et encore plus dans la section artistique de l’université, la plupart des gens se moquent très largement des fringues des autres. Mais Nino est différente. Nino à l’imagination un peu trop fertile quand il est question des autres et d’elle.

Elle termine son smoothie et jette le gobelet en plastique dans la poubelle avant d’annoncer qu’elle y va. Elle stresse déjà à l’idée de commencer ce cours. Elle regrette amèrement d’avoir choisi celui-là. Aucun de ses amis ne l’a pris et elle n’a pas réussi à s’en faire. Certes l’année ne fait que commencer mais quand même. Nino n’aime pas ça. Elle traine jusqu’à la salle de classe et résultat des courses toutes les bonnes places sont déjà prises. Encore sur le pas de la porte elle hésite à faire demi-tour mais le prof arrive derrière elle coupe court à son envie de sécher. La jeune femme s’assoit en tirant la gueule. Elle tante tout de même de sourire à la personne à côté d’elle mais se prend un vent du feu de dieu. De quoi la vacciner pour la journée. Qu’on aille pas après lui reprocher de ne faire aucun effort !
Elle sort de son sac papier et fusain. Le modèle est en retard. Pourvu que le court ne se termine pas plus tard à cause de ça. Rien ne pourrait être pire que ça. Nino veut finir sa journée et rentrer s’enfermer chez elle. Sa famille n’habite pas tout prêt et en plus ce sera l’heure de pointe. L’horreur donc. La jeune femme est à deux doigts d’écraser son visage dépité sur le pupitre quand elle entre.

Le temps semble suspendre son court. La fille qui vient d’arriver est tellement belle. Elle respire l’assurance. Rien à voir avec Nino qui stresse du simple fait de porter un blouson jaune. Elle a du mal à détacher ses yeux de la nouvelle arrivante. Son cerveau se met en pause. Jusqu’à son regard vienne croiser le regard de la belle inconnue. Elle détourne les yeux aussi vite qu’elle le peut. La honte vient lui cuire les joues. Bon sang Nino, c’est une fille. Juste un modèle. Rien de plus. A peine un être humain. Elle va rester immobile quelques heures puis disparaitra aussi vite qu’elle est arrivée.

La pauvre enfant prend une grande inspiration avant de se mettre au travail. Rien de mieux que le dessin pour se vider la tête. Mais ses croquis dérapent. C’est toujours la fille mais ça n’a rien à voir avec la pose du court. Ça lui revient d’un coup. Nino se souvient maintenant. Elle s’appelle Mei. Elle l’a rencontrée il y a une semaine dans ce club où elle ne serait jamais allée si ses copines n’avaient pas insisté. Pour le fun. Sauf que Nino ça ne l’amuse pas du tout de regarder des femmes danser. Surtout pas avec un cœur déréglé comme le sien qui ne bat jamais quand il faudrait.

La leçon semble durer des heures. Nino n’aura jamais eu autant de mal à se concentrer pendant ce court. Elle passe la plupart de son temps à fixer la feuille ou à gribouiller pour faire disparaître les esquisses honteuses qu’elle a dessinées. Et quand enfin on la libère, il n’est pas question de traîner.
Chaque seconde passée en plus ici est un véritable supplice pour la pauvre Nino. Elle s’empresse de ranger ses affaires. La précipitation rend ses gestes maladroits et elle perd plus de temps qu’elle n’en gagne en bourrant ainsi son sac. Elle sursaute en sentant un baiser s’écraser sur sa joue. Elle a les joues rouges quand son regard se pose sur Mei. Mince. Elle l’a reconnue. La panique la gagne en sentant ce corps féminin bien trop prêt du sien. Elle recule d’un pas, une main posée sur la joue qui a été embrassée. « J-je vois pas de quoi tu parles. » Elle n’aime pas du tout l’effet que lui fait cette fille. Tout lui indique qu’il faut fuir le plus loin possible la belle. « Tu dois confondre avec quelqu’un d’autre. » dit-elle en détournant le regard. Elle est en train de perdre ses moyens et sa capacité à mentir.

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all with style ♡ Elle ressent sa gêne, son envie de fuite. Et Mei sent un devoir divin de la retenir, de l’enfermer et de la plonger dans une plus grande claustrophobie, rien que pour s’amuser. Elle n’était pas venue ici en pensant trouver une partenaire de jeu mais en devient toute revigorée, ses maigres heures de sommeil et ses repas sautés oubliés dans un autre monde. Et elle le sent. Que là où elle vise, elle arrive quelque part sur la cible. Mei ne se souvient pas du nom de la jeune fille, elle en rencontre tellement dans le club et son cerveau ne marche pas sur assez d’énergie pour lui permettre de retenir les informations futiles, mais elle voit à l’attitude de la demoiselle qu’elle ne l’a absolument pas oublié. Elle a l’impression de percevoir les tremblements de ses membres, et fantasme une seconde d’y passer la langue pour s’en repaître. “Hm ?” elle lève un sourcil et pince les lèvres dans une petite moue boudeuse. Alors elle va faire comme si de rien n’était ? ça ne l’arrange pas. Et pendant un instant, Mei se demande ce qu’il y a de si affreux chez elle pour que l’étudiante en art ait envie de s’échapper si vite. Elle secoue la tête de droite à gauche. “Je ne retiens pas les prénoms mais je retiens les visages.” dit-elle en détaillant sans gêne les traits de la jeune femme. “Tu étais en sortie avec tes amies” rappelle-t-elle pour lui raviver la mémoire. Fera-t-elle un peu plus semblant de ne pas s’en rappeler ? “Tu me vexes un peu…” marmonne-t-elle comme une enfant en s’agitant un peu, laissant son bras venir s’accrocher au sien. “Tu viens boire quelque chose avec moi ? Je ne connais pas beaucoup le campus et j’ai besoin de compagnie. T’as qu’à faire comme si tu te souviens pas de moi si ça te chante, mais je ne te laisserai pas prendre la poudre d’escampette.” Un sourire vient se poser sur ses lèvres et ses yeux se plissent. “Tu t’appelles comment ?”

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all with style ♡ Nino serre fort la hanse de son sac. Elle se sent complètement acculée par la danseuse. Et comme si ce n’était pas suffisamment dérangeant les souvenirs de leurs rencontrer lui chatouillent l’esprit. Elle se souvient un peu trop bien de ses mouvements sensuels. Un feu semble essayer de s’allumer au creux de son estomac. Ça ne va pas du tout. Ça n’a pas de sens. Nino refuse d’y porter attention. Mei parle trop et trop vite. Bien sûr qu’elle ne se souvient pas du prénom de Nino. Elle ne sera pas la première à oublier la dessinatrice. Elle a l’habitude de ne marquer que très peu les esprits. Ce qui n’empêche pas la jeune femme de se sentir un peu idiote, voir même bizarre à chaque fois. Parce qu’elle se souvient. Elle se souvient de Mei. Plus que toutes les autres fois elle va feindre l’ignorance. C’est tellement de se souvenir de quelqu’un qui vous a pratiquement oubliée. Coincée Nino ne sent pas la force de hausser le ton pour qu’elle la laisse tranquille et comme trop souvent se résigne. Pauvre Nino incapable de se battre. « Ah ce club. » Comme si tout d’un coup les choses lui revenaient en mémoire. « J’étais bourrée alors je me souviens pas trop. On s’est parlé là-bas ? » Elle se gratte l’arrière de la tête pour rendre son embarras et son rire nerveux plus naturels.
Elle se crispe complètement quand Mei vient passer son bras autour du sien. De là elle peut sentir le parfum de la jeune femme. Elle détourne la tête pour se protéger de l’odeur qui vient doucement brouiller ses sens. Dégluti difficilement. La voilà dans se beaux draps. Et c’est vrai, elle ne se souvient même plus de ce qu’elle a put lui dire cette nuit-là. Nino était vraiment ivre morte au club. L’alcool avait été le seul moyen de supporter et de se calmer face aux spectacles des danseuses. Elle grimace. Elle voudrait rentrer. Fuir dans sa chambre et ne plus en ressortir avant l’heure du dîner. Disparaître aux yeux du monde extérieur pour se ressourcer. Pas se retrouver coincée avec une parfaite inconnue qui semble tout faire pour la mettre dans l’embarras. « Bakugo Nino. » Elle dit à la fois boudeuse et résignée. C’est plus fort qu’elle, elle n’a pas envie d’être mal vue. Que Mei se dise qu’elle est asociale au point de ne pas vouloir lui donner son nom. « Et toi ? » Les bases d’une discussion normale. Il lui faut trouver un moyen de fuir mais la bête parait bien difficile à berner.

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all with style ♡ Enfin se dit-elle lorsque Nino prend la décision d’arrêter de nier. Peut-être est-ce son égo qui est persuadé seul qu’elle est inoubliable, mais elle est finalement délicieusement flattée d’avoir marqué l’esprit de la jeune femme. “Peut-être, un peu. Si tu ne t’en souviens pas, tant pis pour toi” lance-t-elle du bout des lèvres avec une petite moue. Mei en tout cas se souvient à quel point la jeune femme avait été peu indifférente à ses avances, mais peut-être était-ce l’alcool. La jeune femme a pourtant imprimé en elle l’idée que l’alcool ne fait office que de révélateur et ne nous pousse pas à ce qui ne part pas de réelles envies. “Détends toi, je ne vais pas te manger” lance-t-elle en sentant la crispation de la Nino des pieds à la tête. “On dirait que tu n’as jamais eu une amie accrochée à ton bras, pourquoi t’en fais tout un fromage ?” demande-t-elle en la tirant doucement vers la sortie. Bien sûr que ses mots ne sont pas sincères, bien sûr qu’elle se joue de son malaise, qu’elle s’en nourrit même, pour se sentir un peu plus belle et importante. L’effet qu’elle semble faire sur Nino envoie des frissons agréables au fond de son estomac. “Moi c’est Mei mais tu m’appelles comme tu veux” lui dit-elle avec un clin d’oeil, tout en se serrant un peu plus contre elle en la menant dans les couloirs. Si ça se fait Nino a cours, mais elle n’en a que faire : elle mène la danse et elles iront où elle veut. “Hmmm, je suis en manque de caféine” lance-t-elle dans un long soupir, habituée à enchaîner les tasses sans se soucier des effets sur son corps. Elle vient poser sa joue contre l’épaule de Nino sans gêne pour se reposer un peu. “Tu nous trouve un endroit où s’asseoir ? Pas trop loin, sinon tu risques de me porter jusqu’à là bas.” Elle a conscience de faire pratiquement la conversation toute seule, on ne va pas dire qu’elle n’a pas l’habitude, et puis elle aime ça, accaparer.

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all with style ♡ Mei semble pire que tout. Impossible de s’en défaire. Nino est prise en sandwich entre la peur de passer pour une associale et l’envie d’agir comme tel en se débarrassant une bonne fois pour toute de la jeune femme. Sa personnalité est complètement écrasante comparée à celle de la pauvre Nino. Nino qui se sent toute petite face à la fille à la frange. Elle a de plus en plus envie de se terrer dans un trou et de ne pas en ressortir jusqu’au lendemain. Jusqu’à ce qu’elle soit assurée que Mei l’aura laissée tranquille. Il y a quelque chose de menaçant chez cette fille. C’est ainsi que Nino interprète les frissons qui glissent vicieusement le long de sa colonne vertébrale et qui font tressaillir ses entrailles. « Je – Je n’aime pas qu’on me touche. » Se défend-elle. Le contact humain peut parfois la mettre mal à l’aise. Tout dépend des personnes. Et de toute évidence Mei est dans la catégorie des gens dont le touché la répulse. Nino essaie de libérer son bras mais au lieu de ça, elle est entrainée dans les couloirs sans pouvoir protester. Comme elle s’en veut d’avoir si peu de volonté. De se laisser faire par cette fille qui débarque de nulle part. elle aimerait tellement avoir la force de prendre le contrôle de la situation et de ne pas suivre le flot sans protester. Mais c’est plus fort qu’elle. Son corps et sa langue se paralysent. Elle ne peut rien faire d’autre que se laisser faire. Elle se sent comme une poupée de chiffon accrochée au bras de Mei. Un accessoire. Une source d’amusement pour le modèle qui la laissera tomber aussi vite qu’elle se sera lassée. On se lasse facilement de Nino. Nino qui ne parle pas assez. Un peu trop molle. Qui rougit trop facilement. Nino trop timide pour que les autres essaient de gratter suffisamment. Qui n’a pour amis que les amis de ses amis. Elle grimace en sentant Mei s’appuyer un peu plus contre elle. Elle jette un coup d’œil au visage de la jeune femme posé sur son épaule. Malgré elle ses yeux glissent les lèvres de la danseuse. Elle se perd dans la contemplation de sa bouche ourlée de rose. Les battements de son cœur s’emballent et la rappellent à l’ordre. Nino détourne le regard, les joues légèrement colorées. Mais qu’est-ce que tu fais ? Elle se flagelle moralement. Il ne faut pas faire ça. Elle ne doit pas. Mei est une fille. C’est insensé. Cette fille est beaucoup trop dangereuse pour que Nino prenne le risque de la laisser trop longtemps graviter autour d’elle. « Il y a un distributeur pas loin. » Sur ces mots elle tourne à un couloir qui les mène vers une sorte de petit hall avec des bancs pour laisser les étudiants et les professeurs prendre une pause. « Voilà. »

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all with style ♡ Elle sent son regard. Si Mei est née avec un pouvoir surnaturel, c’est celui de savoir quand on la fixe même lorsqu’elle ne vérifie pas de ses propres yeux. Et elle se retient, de venir regarder Nino et de la prendre sur le fait, se contente juste de cette sensation grisante qui la prend à chaque fois qu’on lui donne de l’attention. Elle se serre un peu plus contre le bras de Nino sans gêne, alors même que la jeune femme lui a avoué plus tôt qu’elle n’aimait pas être touchée. Qu’à cela ne tienne : Mei prendra pour mission de sa vie d’être une femme dont elle aimera les doigts sur sa peau. De ses souvenirs de la soirée à la boîte, elle avait vu plus qu’une envie d’être tripotée dans les yeux de Nino, mais Mei se fait parfois des histoires dans sa tête, exagère toujours tout. “Un distributeur ?” lance-t-elle boudeuse. “Tu aurais pu trouver quelque chose de plus romantique…” lance-t-elle en se redressant, en les voyant arrivées à destination. Elle se décroche de Nino pour venir regarder la machine, les lèvres pincées, comme si elle voulait en déterminer la fonction. “T’as une pièce ?” demande-t-elle finalement en tournant la tête en arrière, pour regarder la jeune femme en tendant la main. Elle tend la main avec un léger sourire, comme s’il était le plus naturel du monde pour elle d’imaginer que Nino s’empresserait de lui payer son café. Elle joue un peu, histoire de voir si l’étudiante va s’offusquer et lui dire d’aller au diable. Après tout, elle a à peine sorti quelques mots depuis le cours, et semble avoir envie de se mettre autre part. “Je t’offre le café la prochaine fois” finit-elle par ajouter, en ne demandant même pas son avis à la principale intéressée quand à une troisième rencontre.

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all with style ♡ Le mot romantique claque dans l’air. Il sonne comme une menace aux oreilles de Nino. Il n’y a rien de romantique à boire un café avec une inconnue. Une femme. Quelque soit l’endroit. A croire que Mei fait tout pour la mettre dans l’embarras. Comme si elle c’était donné pour mission divine de venir ébranler le monde – un peu nul mais tellement tranquille de Nino. Et ça ne va pas du tout parce qu’il lui aura suffit de quelques regards et d’un bras pour mettre l’étudiante dans tous ses états. Pour que ses signaux d’alertes virent au rouge et hurlent dans ses oreilles. Elle peut enfin respirer et se calmer quand la belle se détache. Nino la regarde du coin de l’œil. Les doigts serrés autour de sa veste jaune. Si Nino était la fille qu’elle voudrait être, elle tournerait les talons et en profiterait pour s’échapper. Rentrer chez elle et s’enfermer dans sa chambre. S’abrutir devant le dernier drama à la mode pour ne plus avoir à penser au reste. Oublier qu’une fille aux jambes immenses est venue troubler sa tranquillité d’esprit. Mais Nino n’est pas ce genre de filles. Nino n’a aucune volonté. Elle a trop peur d’être mal vue. Même aux yeux de Mei qui l’aura oubliée aussi vite qu’elle sera partie. Alors elle reste interdite. Ronge son frein en silence. Une boule se forme dans sa gorge alors qu’elle voudrait dire non. Que Mei n’aura rien d’elle. Encore moins si cela implique de réitérer l’expérience. Dans le fond elle s’en moque bien de prêter un peu d’argent. Ce ne serait pas la première fois qu’elle le ferait et souvent sans demander à être rembourser. Pour quelques malheureux yens. C’est la perspective de ne pas réussir à se débarrasser de la danseuse qui la bloque. Et puis mince. C’est idiot. Elle fouille dans son sac en toile pour sortir un petit porte-monnaie violet. Elle tend du bout des doigts la monnaie à Mei. « Pas besoin de me rembourser. Ce n’est pas grave. » Ce n’est pas comme si on allait se revoir. Du moins Nino l’espère.

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all with style ♡ Mei fronce les sourcils en voyant la jeune fille sortir son porte monnaie. Vraiment ? Nino tend les pièces et la jeune femme reste à les fixer un moment avant de les attraper. Maintenant qu’on lui donne, autant les prendre. Un peu déçue, elle prend son temps pour insérer les pièces dans la machine et regarde le café couler dans les verres en carton. Un léger soupir s’échappe de sa bouche. Un air triste prend part de son visage, il n’y a pas à dire quand elle a un sentiment elle l’exprime de façon exagérée, prête pour aller à l’opéra. Mei finit par attraper leurs gobelets et se dirige vers le banc pas loin, tapote la place à côté d’elle pour que Nino la rejoigne. Une fois fait, elle lui tend sa boisson. “Tu meurs autant d’envie de ne jamais me revoir ? De toute façon je vais sûrement revenir poser tu sais.” lance-t-elle en venant tenter de prendre une gorgée de son café, encore un peu trop chaud. Elle abandonne et fait une petite grimace tristoune. “Je t’embête tant que ça ?” demande-t-elle sans la regarder, les yeux fixés sur le liquide noir et fumant. D’un certain sens, elle est assez vexée. Et elle ne comprend pas. Mei est persuadée que Nino n’est pas totalement insensible à son charme, alors pourquoi est-ce qu’elle agit comme ça avec elle ? Froide, elle se distance, elle parle à peine. D’accord, Mei a le chic pour mettre les gens mal à l’aise, mais avec Nino elle a l’impression que ça va encore plus loin que ça.

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all with style ♡ Elle grimace comme si son estomac lui faisait mal, ce qui n’est pas loin d’être le cas. Qu’elle imbécile. Nino aurait dû se douter que Mei n’était pas venue poser pour un seul cours. Rare sont les modèles qui ne viennent qu’une fois. Ça ne l’arrange pas du tout ça. Et Nino commence déjà à envisager d’arrêter de suivre ce cours. Si elle le pouvait, la jeune femme n’irait même plus à l’université. Juste pour être sûre. Mais Nino est bien trop lâche, ou pas assez, pour en arriver là. C’est quand même triste. Ne plus être capable de mettre les pieds sur le campus à cause d’une seule personne. Une fille qu’elle connait à peine. Ça n’a aucun sens. Ou du moins l’étudiante d’en chercher un. Elle refuse ouvertement de comprendre pourquoi quelques regards et les bras de Mei autour du sien, ont suffis pour que la danseuse se retrouver dans la liste noire de Nino. C’est trop bête. Elle le sait bien. Mais c’est plus fort qu’elle. Son corps agit trop bizarrement pour qu’elle reste calme. Rien ne va quand Mei est dans les parages. Elle en est persuadée. Le peu de temps qu’elles ont passées ensemble en est la preuve.
Nino continu de frotter le bout de la manche de son blouson avant de venir s’assoir, prenant soin de laisser une distance de sécurité entre leurs deux corps. Elle hoche de la tête en signe de remerciement en prenant son gobelet à deux mains. Elle bien tentée de la boire d’une traite pour s’en débarrasser le plus vite possible. Mais le café est bien trop chaud et pas franchement bon à ce distributeur. « Non. Je... » En fait si mais jamais elle n’oserait le dire à voix haute. « Je suis pas très à l’aise avec les gens. » Elle murmure presque. Rougit un peu. Les yeux fixés sur le café comme si elle cherchait à se cacher au fond de son gobelet. Dans sa poche son téléphone vibre. Son sauveur. Nino s’empresse de poser sa boisson sur le banc pour éclipser la situation au moins le temps de répondre au message. Son petit-ami qui lui propose de se voir le lendemain. Elle soupir de soulagement. Le fait de savoir un homme à ses côtés la soulage. Ça c’est normal.

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all with style ♡ Mei se sent comme une indésirable, et au lieu d’avoir envie de fuir pour ne pas se plonger tout entière dans ce sentiment désagréable, son envie de rester auprès de Nino se fait un peu plus forte. Masochisme, ou l’envie de se prouver qu’elle est capable de tourner ce sentiment en quelque chose de positif, on en sait rien. Dans tous les cas, plus Nino semble vouloir la voir partir loin et plus Mei ressent l’envie de rester auprès d’elle. La réponse de la jeune femme pue le mensonge, et Mei ne cache pas un demi sourire qui montre sans détours qu’elle est totalement consciente du petit manège de Nino. Est-elle de ce genre de gens qui ne s’exprime jamais, qui se laisse marcher dessus et qui dit tout pour plaire à l’autre, histoire de ne pas faire d’histoires ? Peut-être, se dit-elle. “Tu sais, tu peux me le dire si tu ne me supportes pas, je ne me vexe pas” Faux, mais en tout cas elle applaudira sa subite sincérité. De toute façon, elle est déjà consciente que Nino ne l’adore pas, alors comment la situation pourrait-elle empirer ? Elle ne compte pas abandonner. Trop têtue et fière pour ça. “Je peux t’aider à te décoincer tu sais. J’ai fait des petits miracles dans ma vie” lui lance-t-elle avec un sourire taquin en prenant une gorgée de son café. Un peu trop chaud. Elle se brûle un peu mais rien n’y paraît. Elle aura juste la langue engourdie le reste de la journée, ce n’est pas grave. Mei observe la jeune femme s’éclipser, la suit du regard histoire qu’elle n’ait pas l’envie de s’échapper toute entière. Après un temps qui lui semble acceptable (une minute et demi précisément), Nino la rejoint. “Qui s’éclipse pour répondre à un message ? Tu es vraiment bizarre” Elle se penche un peu pour essayer de lire l’écran du téléphone, sans aucune gêne. “Quoi, c’est ton amoureux, c’est ça ?”

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