hepburn fuyuki
nom -- Hepburn, patronyme que son ancêtre a adopté en débarquant à New York après avoir quitté la Norvège, remplaçant « Heiberg »
prénom -- Fabien, son vrai prénom, bien que personne, ni même en Amérique ou en Europe ne l'interpèle ainsi, mis à part ses parents lorsqu'ils se fâchent ou ses grand-parents émus de le revoir, parce que pour les autres, c'est Fab, même s'il n'y a rien de très fabuleux à dire sur lui... ou peut-être que oui ! Après, y'a « Fuyuki », son prénom nippon d'adoption, car, eh oui, ファビアン ça sonnait pas bien, et puis, arbre de l'hiver, quoi de mieux pour découvrir un gars venu tout droit de la toundra canadienne? Enfin, Albatros, qu'il stylise parfois Albatross, un clin d'oeil de la part de ses parents à leur poète favori.
âge -- 23 ans, pourtant, pour reprendre les mots de Benjamin Biolay, « y'a pas cinq heures j'avais quinze ans » ... Fuyuki, c'est un peu ça
date et lieu de naissance -- 31 juillet 1994, Montréal
origines -- origines surtout norvégiennes, amérindiennes et irlandaises, mais en remontant un peu plus haut, on découvre des ancêtres des quatre coins de l'Europe. Un beau mélange caractéristique de l'Amérique. Il est entre autres nippophone, si ça vous intéresse.
métier/études -- Écrivain-ish, avec une maitrise en droit international et transational inachevée. 聞かないでください. Don't ask.
statut civil -- Célibataire, c'est bizarre avec cette fille, mais il en dira pas plus.
orientation sexuelle -- Autrefois fluide, tantôt panromantique, maintenant surtout bisexuel ou parfois juste queer
traits de caractère -- Fougueux, attachant, complexe.
groupe -- ツエルブ
maintheme -- shelter what will become of me from now on?
after some time, I stopped thinking about that.
maybe i forgot... how to think at all
この先 に 何 が ある だろう
いつ から か 考え なく なった
考え方 それ すら 忘れて しまった の かも
さようなら
VOL. I :
Le printemps de Fuyuki /// 冬木の春
神戸市
こんばんは, 栄美子ちゃん.
L’avion s’écrase à Tokyo. Enfin, on dirait qu’elle s’écrase. Les roues prennent comme en feu contre l’asphalte de la piste d’atterrissage. Ça ne peut pas être bon signe, qu’en dis-tu? Et soudain, mon corps est comme propulsé vers l’avant, on dirait que je tombe, que je suis en chute libre, mais à l’horizontal, à l’orientale. Mais ma ceinture me retient, s’imprime contre mon corps et je reste là, adossé contre mon siège. C’est si puissant, la peur de mourir.
Mort, voilà comment je me sens en quittant Paris, en revenant à lentement, mais surement à Kōbe. Mon père se tient droit sur le rebord du trottoir, copiant les Nippons. «タクシー» qu’il crie. Le taxi nous amène à la gare. La gare nous amène à la maison qui n’en est plus vraiment une. Je m’égare dans le jardin. Une fois bien perdu, je m’allonge dans l’herbe devenue haute. Les nuages s’enlacent, se caressent, s’étranglent les uns, les autres.
J'ai si hâte de partir, mais déteste les adieux. Ce n'est pas un adieu, puisque nous nous écrirons, mais ça en reste un. Quand je suis parti pour deux semaines à Paris, nous ne nous sommes pas dit au revoir, non? Ni même à la prochaine? J'ai aimé cela. Penses-tu que nous pourrions jouer ensemble demain après-midi, une dernière fois et puis, quand nous aurons terminé, je dirai «Va chercher ton ours en peluche et ramène-le!», tu diras «C'est bon!» et quand tu seras de retour, toute trace de moi aura disparue? Est-ce que ça te plairait?
J'ai oublié. Yamada-sensei m'a encore fait la leçon avant que je parte en France. Il a dit quelque chose comme : «Fuyuki-kun, écoute-moi s'il te plait. Tu ne peux pas te mettre à courir partout dans le jardin quand tu dois plutôt écouter la leçon. Si tu poursuis ainsi, tu ne seras jamais Nippon.» J'ai fait une grimace, une béante et laide grimace et il a bondit, suite à quoi je me suis enfui, hilare. Puis, il a crié quelque chose comme : «Petit vaurien! Cette fougue te coûtera cher un jour!» Je riais toujours, mais soudain, j'avais aussi peur.
Le ciel s'est assombri et les étoiles ont pris la place des nuages. C'est un peu comme moi qui quitte le Japon. Le ciel, il bouge tout le temps, mais que ce soit des étoiles ou des nuages qui le jonchent, il reste toujours beau. Et puis, même si la nuit est sombre ici, ça veut tout simplement dire qu'il fait jour ailleurs, non? C'est un peu comme moi qui quitte le Japon.
お休み, 栄美子ちゃん.
VOL. II :
Les rêves d'été /// 夏の夢
Cayo Largo
こんばんは, 栄美子ちゃん.
Je ne me souviens plus de la dernière fois que je t'ai écrit. Le Japon semble si loin dans ma mémoire, comme la craie sur un tableau qu'on aurait effacée de la main. La craie est toujours là, mais elle est granuleuse, aplatie, tourmentée. Ou encore les pas dans le sable mouillé, juste après qu'ils soient rasés par la va-et-vient de la mer. À ma défense, à défaut de t'écrire, je t'ai lu. Toutes tes lettres. Or, y répondre, c'est difficile. Quand j'écris, j'ai trop souvent l'impression de me perdre. Et je n'aime plus me perdre. Enfin, pas vraiment, pas pour vrai. Tu te souviens, je faisais toujours exprès de me perdre dans le jardin derrière chez moi? Eh bien, je n'étais jamais vraiment perdu. J'étais égaré, au mieux. Même si mon chemin n'était pas tracé, je savais que j'allais le retrouver. Quand j'écris, c'est pas pareil. Je me sens vulnérable... fragile... sans défense.
Je ne sais pas pourquoi je t'écris. Peut-être que t'es qu'un prétexte, peut-être pas. C'est difficile à dire. Pourquoi tu apparais comme ça, échappant à ma mémoire. Un peu comme une vague parmi la houle, une vague qui nous fait tanguer un peu plus à gauche.
Si tu n'as pas deviné, je suis à Cuba. Pour quelques jours encore. Tu connais mon amour pour les Caraïbes. Tu auras de la difficulté à me croire, mais je t'écris cette lettre, vêtu d'un mince t-shirt et des vieux shorts, sur la plage, entre un boisé touffu et la mer qui copie la noirceur du ciel et l'éclat des étoiles. Au milieu de cette toile, il y a notre voilier, à mes potes et moi, mince et grand. Mes amis sont encore au restaurant, pas trop loin, qui donne sur la plage. J'ai dit avoir besoin de digérer, prétexte pour aller écrire seul, loin des regards emprunts de jugement, d'incompréhension.
D'ailleurs... j'ai appris que nous allions nous retrouver, l'automne prochain. Je vais étudier le droit à Cambridge, un échange d'un an. Reste que je vais vivre à Londres. Et tu y seras aussi. C'est insensé tout cela. Que les aiguilles des boussoles nous pointent dans la même direction, trichant le nord, bafouant nos chemins. Hier, tu étais mon amie. Maintenant, tu es une étrangère. T'avais-je dit que je suis retourné voir ma maison à Kōbe, une fois? Affreux. La toiture refaite, les arbres déracinés, des buissons semées, les fenêtres repeintes et le jardin démembré. Ce sera pas ça un peu, nous?
Ce qui m'attriste le plus, c'est que jamais tu n'ouvriras cette lettre, jamais tu ne liras ces mots. Vais-je jeter le papier dans les eaux, ou encore attiser les flammes du feu de joie avec, ou mieux le déchirer et l'enterrer comme un précieux trésor? Je ne sais pas. Peut-être vais-je le garder pour moi aussi. Du moins, jusqu'à Rio de Janeiro. Ensuite, nous verrons.
Avant de te quitter, de derniers mots. Je m'en vais courir sur la plage. Tu te souviens de ce jeu que nous avions quand nous étions jeunes? Je me mettais à courir et tu devais me poursuivre. Jamais tu ne me rattrapais et pourtant, là était la beauté de la chose. Ça fait un moment aussi que je n'ai pas couru. À Vancouver, j'étais l'étoile de l'équipe de trail, mais j'ai abandonné tout cela quand j'ai découvert que mes amis et moi pouvions subtiliser des bateaux à moteur et s'enivrer sur la English Bay à la place.
Le temps change tout le monde. Mais ce soir, je t'écris de nouveau, même si ce n'est pas pour vrai, et je cours sur la plage, même si je suis caché par la nuit. C'est bon. Juste pour un moment.
お休み, 栄美子ちゃん.
VOL. III :
La revanche de Yamada-sensei /// 山田先生の復讐
London
こんばんは, 栄美子ちゃん.
Everything turned to shit. Et c'est moi qui a tout fait foiré.
À Londres. Capital of England, UK. Je courrais dans les rues toute la nuit, je dansais sous de fausses voies lactées, j'injuriais le jour jusqu'à ce qu'il n'ose plus se lever. Je me sentais libre, parfois heureux même.
Je ne sais pas ce qui m'a pris. Ce qui m'a pris de vouloir te revoir. Même si nous étions tout deux sur les rives de la Tamise, je ne pouvais m'empêcher de penser que tu étais toujours au Japon. Comme si tu n'étais pas vraiment toi, pas vraiment là. Tu appartenais au passé, tu n'avais la place que d'un souvenir. Et je voulais que tu le restes. Car un souvenir ne peut s'échapper, ne peut pas se briser. Au pire, il s'oublie. Pourtant, je t'ai invitée, peut-être boursoufflé de curiosité. Et quand je t'ai vu, ce soir-là, tu m'as rappelé ce que j'abhorre le plus, les jours d'hier, le passé. Je crois t'avoir écrit une fois que, dans ma tête, les histoires que j'écris sont toutes à venir. Eh bien, c'est ça. Je ne voulais pas relater le passé de nouveau, je ne voulais pas m'importuner avec un souvenir déchu, embrouillé. Un peu comme une marche à travers le cimetière. Or, la pierre tombale reflétait mon enfance au Japon, mon jardin à Kōbe, les colères de Yamada-sensei et toi. Pourtant, plus jamais je ne serai un enfant au Japon, le jardin est maintenant trop petit pour que je m'y perde, Yamada-sensei n'enseigne qu'aux gamins et toi... toi, tu n'es pas qui tu étais. Et je ne le suis pas non plus. Je te répète, je ne sais pas ce qui m'a pris. Ce qui m'a pris de vouloir te revoir. Et sachant maintenant l'avenir, je me demande s'il n'aurait pas été plus sage que nous demeurions ce que nous étions, ce que nous fûmes, mais surtout, que nous ne redevenions pas ce que nous avions cessé d'être.
À partir de là, tout a basculé. J'ai appris ce qui s'était produit. Après quelques conneries, Cambridge a fini par me mettre dehors. Les fêtes n'étaient plus des fêtes, mais ma vie. Le reste ne m'appartenait plus, une écluse s'étant bâtie entre le monde et moi. Mon pouls ne suffisait plus, remplacé par le rythme s'échappant d'haut-parleurs géants, tel un monstre quittant son abysse. Je ne me souviens pas de beaucoup de cette époque, mais ce dont je me souviens, fuck que c'était bon. Et t'as jamais su comment ça l'a fini tout ça. Enfin, non. Personne ne te l'a jamais dit, mais, au fond, tu savais quand même. Non?
Je suis retourné dans les Caraïbes, un temps, puis je suis rentré dire au revoir à Londres. Des au revoir qui ont pris un an. Je t'ai déjà dit combien je déteste les adieux. Tu sais, j'aurais bien aimé pouvoir juste dire à Londres «Va chercher ton ours en peluche et ramène-le!» et me pousser. Foutre le camp. Décrisser.
Fuck, je peux pas t'envoyer cette lettre. Bien sûr que non.
C'est con. Je suis con. Et Yamada-sensei avait raison dès le départ.
Quel genre de monde fait ça?
お休み, 栄美子ちゃん.
VOL. IV :
Le Soleil levant derrière le Mont Fuji /// 富士山の後ろに日の出があります
東京
こんばんは, 栄美子ちゃん.
Les lumières de Tokyo, vues des airs, font compétition aux étoiles. L’avion se penche sur le côté, lentement girant dans le ciel, se déplaçant afin d’entamer sa dernière ligne droite. Ainsi débalancé, à travers les hublots, je ne sais plus dire quel côté est le haut et lequel est le bas. Je pourrais regarder Tokyo en pensant qu’il s’agit de la nuit étoilée, ou regarder celle-ci et penser qu’il s’agit de Tokyo.
Le même mouvement, la même descente vers la piste d’atterrissage, au même endroit, trop d’années plus tard. Sauf que cette fois, l’avion ne s’écrase pas. Ne parait même pas s’écraser. Les freins s’enclenchent sans huer, les ailes nous ralentissent sans se battre. Quelques minutes plus tard, je suis le troupeau des voyageurs, déambulant parmi l’aéroport nippon.
Que dirais-tu si tu m’apercevais? J’espère le découvrir.
Tu dois te demander ce que je fais ici. Non, je ne reviens pas par amour déchu pour le Japon. J’ai écrit quelques trucs, des gens les ont lu et ils ont aimé ça semble-t-il. Et là, des gens parlent d’un film, alors je suis ici. Pour ça. Et je pense beaucoup à toi.
Londres me manque, mais Tokyo occupe toutes mes pensées. Je cours dans la ville, dans les parcs et sur les trottoirs, dès qu’ils ne sont pas trop bondés. Je me lève tôt, souvent, pour éviter les foules et avoir la ville pour moi seul ou presque. Car nous ne sommes jamais vraiment seuls à Tokyo, mais, des fois, nous pouvons l’être, juste un peu. Et quand je vois le soleil se pointer, je souris, car je sais qu’il sera, dans quelques heures, derrière le Mont Fuji et que ce sera l’heure dorée de nouveau. Entre l’aube et le crépuscule ou entre le crépuscule et l’aube, les heures sont parfois longues. Toutefois, je crois qu’elles sont tout aussi précieuses. Des fois, je compare ça aux dernières années de ma vie et ça me rend bien, ça me rend heureux.
J’ai hâte de te voir. Hâte de te voir car je veux te rendre cette lettre en mains propres. Pour l’instant, je n’ai pas peur. Je fais surement me pisser dessus quand tu seras là, devant moi, mais ce n’est pas grave. Tu n’es plus un souvenir, tu ne l’as jamais été. Personne ne se limite à n’être qu’une pensée, qu’une image.
Je ne sais pas si Tokyo me donnera un abri, mais là n’est pas la question. J’ai la forte conviction que je dois être ici, maintenant.
お休み, 栄美子ちゃん.
deuxième visage
t'aimes quoi dans la vie sinon ? -- être un garçon dans la vingtaine en amérique du nord
plutôt sushis ou ramens ? -- diantre, demandez moi pas de choisir je vous en prie!!!
et le forum, tu trouves qu'il est beau comment ? -- nous avions plusieurs choix de fo', mais le votre a sorti du lot
crédits -- tumblr
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<buzy>evan peters -- albatross + twelve </buzy> hepburn fuyuki