parfois le soleil traverse une dernière fois le ciel avant de se repentir derrière les manèges et les étoiles. parfois il fait briller des perles dorées dans les cheveux de rao, quelques paillettes pour demain, de quoi passer la nuit. puis il s'estompe, simplement, et les lumières des lanternes et des néons viennent doucement remplacer les rayons désastres.
il arrive que nos robes s'envolent avec le léger vent, et que nos sourires se perdent un peu dans l'immensité de la foule. de temps en temps, nos regards se croisent, se cherchent, et s'apprivoisent. tout en douceur, tout doucement, c'est simplement que l'on s'aime. je devine ses mouvements, elle est si belle et tokyo si grande. la ville offre ses couleurs et rao, c'est sûrement la plus belle couleur qu'elle possède. les journées sont plus solaires et les nuits plus étoilées, la voix de rao, c'est de la douceur puissance mille et pourtant, pourtant, même si je me perds toujours plus loin avec elle, même si c'est avec elle que les chemins se font plus pailletés, il y a en arrière goût des saveurs plus salées, qui me disent que rao, c'est la plus belle couleur, mais pas forcément la mienne.
j'adore être avec elle, le ciel est plus clair. je sens moins là dans le creux de mon coeur les nuances vertébrées peintes par les petites douleurs. maman s'efface et maya s'effrite, papa disparaît et ina paraît moins là. j'oublie un peu la noirceur. j'adore rao. j'adore ses robes à bretelle qui flottent dans les airs et la fumée qui passe sur son épaule, les douze millions d'odeurs déposées délicatement à fleur de peau, et celles qui fleurissent dans ses moindres paroles. ses doigts qui se délient et ses bras qui s'ouvrent, ses lèvres bien trop douces que je n'ai jamais touchées, si ce n'est que du dos des phalanges.
parfois des soleils s'allument jusque dans le corps de rao. ici, au parc, il ne s'éteint pas, elle le fait perdurer. je trouve ça beau à voir.
j'aimerais bien le garder.