Ohno Moe
東京住人
avatar : bae joohyun multi : iié crédits : venus dans sa fourrure messages : 11 date d'inscription : 11/03/2018
no you can’t make everybody equal, although you got beaucoup family you don’t even got nobody being honest with you.
links âge : 2+6 métier : maid quartier : shibuya
| Sujet: close to you (/w maya) Lun 19 Mar - 17:40 | |
| De l’innocence perdue, des regards échangés. L’habitude, de se sentir souillée. C’est pas grave. En venant ici, elle le savait et puis, elle gagne plus que si elle était allée faire serveuse ailleurs. Les clients payent bien, les habitués aiment bien lui donner des pourboires, en croyant que la jeune et jolie fille tombe amoureuse d’eux. Tout ce qu’elle a à faire, c’est porter un costume. Comme ces gens dehors. Avant, à l’école, ils portaient bien un uniforme. Le coton bleu de sa jupe, l’ivresse d’une vie passée. Sa mère venait tirer dessus parce que Moe aimait bien remonter sa jupe trop longue. Moe voulait plaire, être regardée, et aujourd’hui elle déteste ça. Ils ont un client qui vient souvent, qui la demande toujours. Il a l’air seul. Elle aimerait qu’il aille mieux. Aujourd’hui, il n’est pas là. Elle se demande qui viendra aujourd’hui remplir son désespoir.
C’est un peu faux, elle aurait quitté ce job si elle était autant malheureuse. Elle aime bien en faire trop, mais elle aimerait aussi être ailleurs. Avoir une galerie d’art, exposer ses tableaux. Des gens viendraient, diraient que c’est beau. Elle aurait un petit atelier avec des pinceaux partout par terre. Le studio sentirait la peinture, le diluant, et elle s’efforcerait de laisser ouverte la fenêtre qu’il pleuve ou qu’il vente, sans résultat. Puis il y aurait des plantes, un peu partout, mais elle aurait du mal à s’en occuper, et les plantes mortes c’est beau aussi.
Certaines filles ici font d’autre chose le soir. Le café ferme à 20h. On lui a proposé à Moe, vient au bar, vient être une hôtesse, tu verras, c’est rigolo. Elle a pas peur du sexe sans passion, de la séduction sans amour, mais elle ne veut pas. Elle ne les juges pas, non, elle les aime vraiment. Ces filles, c’est cliché mais c’est un peu sa deuxième famille. Personne ne juge personne ici, et on râle des clients ensemble autour d’une tisane le soir. Elles sont là un peu par hasard, comme Moe. Parfois, des nouvelles filles viennent, mais elles repartent au bout d’un mois ou deux.
C’est bizarre de voir une fille comme Moe ici, qui a du mal à parler parfois, qui a besoin de prendre l’air quand c’est trop. Aujourd’hui, elle a des couettes, des rubans blancs enlacent ses cheveux de charbon. Elle n’est pas très maquillée, comme d’habitude. Le matin, c’est toujours le même rituel. Comme si, si jamais une étape n’était pas respectée, tout s’effondre. De toute façon, elle n’a pas besoin de trop. Elle est jolie mais n’aime pas qu’on lui dise. Elle aime bien les froufrous de sa jupe, le volume lui rappelle les robes de princesse de ses barbies qu’elle avait il y a longtemps. Elle aime moins le décolleté, un peu trop plongeant, mais c’est les risques du métier. Au moins, on ne lui demande pas de porter des talons trop hauts. Etre petite n’est pas un crime.
Le gros de la journée est passé, le midi, c’est toujours compliqué. Il faut courir à droite et à gauche tout en souriant. C’est fatiguant. « Je m’occupe des prochains, tu peux aller en pause si tu veux » dit-elle à une collègue. Elles sont toutes fatiguées, mais ça sera son tour après. La clochette de la porte d’entrée sonne, elle sourit. Elle sourit sans reproches, sans ennui. « Bienvenue au café »
La serveuse se tourne pour les guider à une table, c’est un groupe de garçons, elle en a connu d’autres, qui viennent s’amuser. On ne peut pas leur refuser l’entrée, l’argent est l’argent. Même s’ils sont exécrables. Elle fait ça machinalement, l’habitude du geste, leur tend des cartes de menu. Un visage lui est familier. Un peu trop familier. Qui la regarde, un peu trop. La honte, qu’elle n’a sentie qu’il y a longtemps, qu’elle avait oublié. Qu’est-ce qu’il fait là ? L’envie de se cacher, de partir loin. Chaleur aux joues. Elle part en cuisine mais elle sait que ce n’est que temporaire, qu’elle devra revenir, personne n’est là pour l’aider. Dès que la cloche sonnera.
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