L'amant-peine #Hiji

Hiro avait bougé.
Il n'y avait peut être que ça de vrai.
Le goût persistant du tabac froid qui s'incrustait heure après heure sur le plat de la langue, l'odeur si caractéristiques de ces  grandes villes qui n'en étaient pas vraiment qui imprégnaient l'air, les mégots éparpillés à même le bitume, jetés dans cette nonchalance toute coutumière, alors qu'il fixait le vide encore emprunt de ses carcasses inhumaines, en songeant que...
Il n'y avait peut être que ça de vrai.

Une heure perdue entre lui et l'éternel, un instant figé, l'esprit érodé, enfumé de ces neurones qu'on ne cessait de brasser, de retourner, en priant pour que la tempête se mût en brise printanière. Il n'y avait rien de bienséant lorsque la vie se muait en salope, pute des bacchanales, catin contemporaine dans les coups du sort qu'elle vous infligeaient. Et elle aimait à jouer avec vos nerfs la demoiselle, elle aimait les tordre entre ses blanches mains jusqu'à en broyer les viscères. Parce que la vie, elle ne nous appartenait pas. Parce que la vie, on ne la possédait pas. Elle vous possède Vie et non l'inverse.
Hiro, il était juste curieux de savoir quand sa passe prendrait fin.

Dans le pénombre, ses grands yeux sombres balayèrent l'espace, comme si, dans un bête coup d'espoir, la réponse à ses pensées pseudo philosophique allait se matérialiser à même la pierre grise. Il avait froncé les sourcils, dépité malgré lui. Alors son visage se peignit de son habituel lassitude, mimique trop sage pour un garçon d'un naturel volage, homme encore enfant, qui avait un long chemin à parcourir avant de devenir grand. Et du fond  de ses entrailles surgit soudain cette colère familière, rage sourde envers cette ville à la propreté faussée, jurant ridiculement avec la pourriture qui en tapissait les allés, rage envers cette sensation de vide qui lui vrillait le crâne. Et il n'y avait peut être que la haine qui valait encore que l'on s'y attarde lorsque l'amour se faisait si ténu, si hagard qu'on parvenait soudainement à le confondre avec un mirage.

- Hey mec, y'a ton bourgeois.

Hiro, il n'aurait même pas sut dire pourquoi.
Pourquoi il était venu le voir, lui parler. Alors qu'il n'avait rien à raconter, rien à partager. Parce que Yuji, il a cette tête de gosse bien éduqué, de gamin des beaux quartiers, des petits cons qui ont l'habitude d'être appréciés. Yuji, il avait cette tête des mecs qui ne trainaient pas avec les types comme lui. Ceux qu'on regarde avec dédain. Ceux qui ne suscitent qu'un méprit certain. Mais Hiro, il avait été attiré. Comme un papillon flirt avec la brûlure de la flemme, il avait eut envie de jouer.

- Thanks, it's just starting to get interesting

Alors Hiro, il se rapprochait. Alors Hiro, il jouait. De ses yeux qui le dévisageait, de son sourire de grand con qui peignait ses lèvres roses. Hiro, il l'acculait du regard, croc après croc.

look -- ça commence par un simple regard et quelques mots échangés; nouveau contact ajouté.

Rien d'inhabituel qu’il s’disait. Sauf que ça faisait quelques années, depuis sa rupture avec Sakurai qu’il avait refusé avec une certaine cruauté toute personne qui tentait de se rapprocher du braiser de son coeur écorché. Mais cette fois-ci c’est Hiro, Hiro dont il ignorait le nom complet, mais Hiro qui lui suffisait (s’imaginant déjà le murmurer — l’hurler entre leurs souffles saccadés.) Hiro, qui ce soir semblait d’un simple regard avoir soulevé tout ses points d’interrogations pour faire naître de nouvelles questions; son nom, son prénom, ses passions : il voulait tout savoir sur celui qui faisait désormais l’objet de son addiction.

Par essence un peu pyromane, chaque nouvelle étincelle risquait de le faire chavirer. Et il ne saurait lui-même dire pourquoi. Pourquoi l’avait-il autant marqué ce garçon qui semblait si paumé. Peut-être était-il l’antithèse parfaite de lui-même et de sa vie de roi qu’il avait toujours mené. Lui, dépourvu de tout sens de la réalité et des difficultés au point que son exil forcé au japon était devenu une sorte de “séjour prolongé”. Yuji c’était un optimiste malgré lui; un Candide sans doute mais au coeur fracturé. Car il croyait en tout, sauf en la rédemption de ses sentiments profonds car son palpitant n’avait plus de place à offrir; déjà tiraillé entre la poussière qu’avait laissé Sakurai, et les ronces que l’ignorance de Miguel avait été en mesure de semer.

Et Hiro.
C’était le vent du changement ce genre de fausses notes qui avaient réussir à faire vibrer chaque parcelle de sa peau, chaque cellule de son organisme. Hiro c’était le crime et les passions incandescentes qui teintaient le rose de ses lèvres. Hiro, c’était le tabac froids et les péchés qui parfumait son épiderme. Hiro c’était la rupture brutale qui avait fait en sorte que son coeur détale. Et ça, personne n’avait su le faire depuis (l’Amant) — depuis qu’il avait l’âme en peine.

— mmmh? tell me more.

L’encre vermeil danse dans ses veines tandis qu’il s’avance lui même à pas de loup, le dévorant de ses yeux, affamé.

— je commençais à m'ennuyer. Hiro-san.

Il s’approche un peu plus de lui et s’oblige à se monter sur la pointe des pieds pour arriver à sa hauteur. Près de son oreille il lui murmure :

— gettin' loud, let’s get out of here?

Il frôle l’impact mortel, ses yeux s'arrêtant un instant sur sa mâchoire anguleuse et ciselée et ses lèvres obsédantes qu’il n’aspirait qu’à dévorer ; qu’à le dévorer.

Hiro.
Et de cette mine de nouveau amusée, comme si des dérives de son esprit ne subsistait que cet habituel engouement, joie presque primaire envers son destin et la lumière qu'il contenait. Hiro. Peut être bien qu'il mentait au monde comme à lui même. Peut être bien qu'il était de ceux dont les sourires naissent plus vite que les soupirs mais dont l'amertume ne vint jamais à périr. Pourtant, lorsqu'on le voyait ainsi, affairée dans les bâtisses de la ville, cigarette perdue au coin des lèvres, il n'avait l'air que de ça. Un gamin coincé dans un corps trop grand. Hiro était bâtit d'impulsion. Beaucoup trop pour appréhender ne serait-ce qu'un modique pourcentage de ce que le commun des mortels qualifiait de conséquences. Abandonnant une nouvelle fois son attention au vide,  il fit craquer les os de sa nuque sans plus s'attarder sur ce qui l'entourait. Sans réellement prêter attention à la bravade qu'il venait d'avancer. Qu'est ce qu'un pari dans une vie après tout ? Rien qui ne vaille la peine qu'il s'y attarde trop en avant.

- I just saw some interesting things.

Des choses et d'autres.
Un sourire où on y mordrait bien dedans, des regards toujours trop long qui font tourner en bourrique et l'insolence au bout de la langue qu'on se surprend à attendre. Hiro, il avait vu Yuji. Il avait vu une curiosité. Un homme qui d'une oeillade parvenait à le faire vibrer. Et là se trouvait toute la difficulté, Yuji était un homme. Et l'attrait homosexuel, c'était tout ce qu'on lui avait apprit à détesté tout ce que son entourage avait toujours déprécié. Un homme qui désire un homme n'a rien d'un homme. C'est ce qu'on lui avait toujours murmuré, ce qu'au plus noir de la nuit, ses paires sifflaient. Mais Hiro, il s'en foutait. Il s'en foutait si fort qu'il lui souriait. Oui Yuji, Hiro, il te souriait, le rictus au coin des lèvres et les doigts qui plongent dans tes mèches blondes pour les écarter de ton front. Hiro, il s'amusait. Yuji, tu lui plaisais/

- Better like that.

Dis Yuji, est ce que c'est ça qui te faisait envie? Sa chaleur, sa presque candeur. Cette manière qu'il avait de te toucher, de te tenir, comme s'il n'y avait plus grande évidence que ta peau contre la sienne, que tes lèvres à son oreille? Est ce que tu les voyais dis moi? Ces regard qui s'attardaient sur toi. Ces sourires qui ce soir, n'étaient destinés qu'à toi. Et cette inflexion, cette inclinaison de son ton qui grondait comme à raison, comme dans l'expectative d'une toute autre déréliction.

- Je m'en voudrai presque. Viens, je connais un endroit tranquille.

Et Hiro, il relâcha ses hanches pour tourner les talons, faisant signe à son groupe qu'il quittait la bâtisse. Les mains dans les poches, le nez au vent, il s'éloigne de la pièce principal pour bifurquer vers l'escalier de service, prenant la direction du toit.

- Are you afraid shorty?

Et sourit l'enfant, jette un regard derrière ton épaule pour détailler le visage d'un gamin qui n'avait pas encore finit de devenir grand.

look -- Peut-être. Peut-être que Hiro n’était pas si simple. Peut-être qu’il pourrait être plus qu’un soupir qui roulera  le long de ses lèvres; peut-être qu’il sera plus que ça — peut-être qu’il l’était déjà.

Parce qu’il avait quelque chose de séduisant. Son regard posé sur son existence qui laissait fleurir des galaxies et nébuleuses lui donnant l’impression d’être désiré. Et c’était presque effrayant la manière dont le plus grand demeurait évident à montrer ses ambitions, incapable de camoufler ses émotions pour simplement le dévorer vivant. Et le gosse. Il souriait de ses pleines dents, flirtant avec le diable pour mieux le charmer, ignorant les menaces de sa raison et de son coeur déjà écorché; parce qu’il le savait, Yuji était incapable de ne pas aimer. Hiro c’était déjà plus fort que lui, le fruit interdit aux couleurs vives et appétissantes; une constellation, le pigment d’un iris, la courbe d’une oreille, la tension d’un cou et là; la bouche obsédante qu’il n’aspirait qu’à dévorer.

Et tout dérape lorsqu’il sent son sang danser dans ses veines ainsi que ses doigts se crisper contre la matière de son propre pull face au doux contact de ses doigts dans ses mèches dorées. Sous la surprise du geste, il oublie nerveusement de cligner des yeux — presque paralysé par l’initiative qu’il venait d’entreprendre. — Ah, depuis combien de temps ne s’était il pas senti aussi complet? aimé et désiré? Victime d’une tendresse qu’il n’avait jamais connu, victime d’une attention qu’il n’avait jamais vécu. Il sourit, sourit, sourit comme un idiot; mais il se le jure no feelings involved alors que l’alcool dérobait déjà sa lucidité pendant qu’il suivait le japonais

— shor….w-what?

Et ce serait mentir de dire qu’il n’avait pas senti le rouge lui venir aux joues d’une manière aussi facile. D’un simple surnom affectueux, toute les barrières fictives venaient d’être brisées, faisant fondre la glace pour révéler un sourire gêné sur son visage encore ivre de tendresse.

— don’t say that. again. C’est toi qui est géant!

Et il rit comme un idiot comme il ne l’avait pas fait depuis bien trop longtemps, habitué aux pleurs et aux hurlements, il passe une main entre ses cheveux décolorés avant de soupirer lourdement.

— shm-……’sky is beautiful thanks for showing me that.

Il comble, fait la discussion, ne trouvant pas immédiatement ses mots, ni même en réalité où il voulait les mener; le silence de la nuit, l'accalmie du ciel étoilé, ça lui suffisait aussi. Puis finalement son nez frémit tandis qu’il engloutit une grande inspiration avant d’éclater de rire à ses dernières pensées qu’il répète à voix haute.

— But- oh god, please, say anything except those cringy pickup lines.

Et Hiro s'éparpilla dans un rire.
C'était comme soudain, ce bout de lui, ce bout de rien qu'on jette au monde comme l'une de ces insignifiances du quotidien. Mais Yuji, il était drôle. Drôle de cette spontanéité. Drôle de cette naïveté qu'il n'avait lui même plus eut le temps d'éprouvé. Drôle de ces rougissement qui perlait à son visage comme un aveu silencieux. Attirance inespéré d'un enfant pour un grand con débraillé/ Parodie contemporaines du Beau et de son clochard qui se seraient égarés sur les toits de ces vieilles citées. Parce que tout était toujours plus beau, plus grand, une fois soumis à la clémence des cieux. Tous les miracles après tout, survenaient sous l'oeil borgne des étoiles. Voyeuses irrévérencieuses de leurs valses mortels, d'un grand con qui tenterait de séduire un mec trop bien pour lui. Trop lisse. Mais Hiro s'en foutait. Hiro, il riait.  

- Sorry bro'. You're such a pretty little thing

Il passa sa main derrière sa nuque, machinalement, geste inconscient qui accompagnait inévitablement l'un de ses intenses moment de réflexion. Il disait vrai Hiro. Il disait vrai, ce type là, Yuji, était beau. D'une de ses beautés qui bouleverse les codes, qui transcende les convictions. Et il riait encore lorsque son dos vient s'appuyer contre le mur gris, sa tête cognant un peu contre son appui. Parce que cette chose là, cette attirance, aurait dût être difficile à admettre. Intolérable, presque insoutenable, une tâche noire sur la toile vierge de son âme, un pied de nez du destin, la manifestation de sa moralité en déclin. Mais Hiro,il avait eut le coeur anesthésié. Le souffle retenu, comme en apnée. A ne jamais savoir quoi dire, quoi faire, à se forcer à garder les pieds sur terre. Pour pas dériver. Pour se forcer à ne pas le rejoindre lui, l'vieux frère. Et puis y'avait eut Yuji. Y'avait eut l'intérêt qu'il s'était découvert pour lui. Autre chose que du vide. Autre chose que l'ennui.

- 'Will be difficult. I learned english with Bruno Mars.

Parce qu'Hiro ne savait pas séduire.
Parce qu'à chaque fois qu'il essayait d'attirer une femme dans ses draps, ça ne fonctionnait pas. Parce qu'il avait pas les mots pour ça. Parce qu'il avait le verbe maladroit et le sourire canaille, la tête du type pas assez, celui qu'on ne croyait pas. Alors il ne saurai pas dire Hiro, pourquoi avec Yuji, ça passait. Pourquoi ce type la restait. Alors Hiro, il avait cette main qui vint glisser sur le contour d'une joue, comme pour en tâté le délicat contour. Et ses doigts insolents qui dérivèrent vers la chaleur d'une nuque pour la saisir, pour raffermir leur prise. Le temps d'un instant. Un foutu instant suspendu où son regard s'abima sur son visage. Sur un pourquoi.

- T'es un mystère pour moi Ito.

T'as rien à foutre là. Pire, tu devrais pas être là. Mais ça bien sûr, Hiro, il ne le disait pas.

look -- Et sur l’instant d’un rire, posé sur l’infinité d’un sourire Yuji avait l’illusion et la chimère bancale; la lucidité muette et l’idée que peut-être ils n’étaient pas si anormaux. Seulement deux gosses aux cœurs un peu trop gros et aux esprits incrédules lorsqu’ils réalisaient qu’après tout, ils pouvaient s’aimer.

C’était si brillant dans l’espoir de ses yeux, cette évidence marqué au feu bleu : celle de ce regard nébuleux pointé contre sa chair et son être, son âme et ses étoiles gelées; Hiro l’attirait et Hiro le désirait.

— -And here I am. Still watching Naruto. for educational purposes.

Le froid commençait à fouetter contre sa peau glacée et pourtant, la nuit se faisait ardente comme un soir d’été, par ses yeux le dévorant, par ses mots le brûlant; par sa main, finement glissé contre sa joue qui commençait à s’enflammer. (bittersweet) lui habitué à la solitude entre les draps et aux silences entre les soupirs. Là, il était complet à se sentir astre entre les mains d’un autre, constellation à rêver, à toucher; il brillait, riait comme il ne l’avait jamais fait.

— Please Hiro.

Puis, soudainement la joie s’efface, laissant place à un silence lourd de sens qu’il venait d'abattre comme un mur entre eux. Les yeux fermés un instant, désormais il se contentait de détourner le regard en direction de l’horizon, essayant d’ignorer ses mains et le chemin de ses doigts qui étaient déjà agrippés; accrochés contre lui comme à une bouée de sauvetage pour ne pas se noyer.

— Please don’t.

Il se détestait finalement. à être aussi lâche, compressé par la peur d’être encore une fois abandonné, à avoir joué aussi près du soleil pour finalement chuter. Hiro avait caressé ses tourments et ses sombres désirs d’un simple sourire. Il lui avait offert l’étouffante envie d’en ressentir toujours et encore plus, de ce contact presque foudroyant entre sa peau neigeuse et ses doigts malicieux. Mais plus jamais. plus désormais. Car ça l’avait consumé à cette simple pensée : celle d’un instant aimer. d’un instant avoir chaviré.

— I-I just... can’t. I’m messed up.

"I’m such a mess". Ça l’avait brûlé jusqu’à l’âme, poignardant son cœur jusqu'à l'arrêt fatal, si douloureux qu’il pourrait vomir son mal-être. D’être brisé, cassé et peut-être d’avoir joué. Car les baisers de Haruki lui manquait comme l’absence de la chaleur de Miguel le consumait. Et l’idée que peut-être le désir de posséder Hiro n’avait été qu’un simple reflet de ses désirs qu’on n’avait su lui accorder l’avait simplement terrorisé et remis en question tout les signaux qu’il avait envoyé. Et si, s’il avait joué le même jeu qu’on lui avait infligé? Et si, lui, Hiro voulait simplement l’humilier comme on l’avait déjà si bien fait? Rire de sa piètre sexualité dont il ne pouvait se déposséder.
Puis il tentait de sourire Yuji, d’un sourire insensé pour ignorer, ne pas subir, ne pas ressentir et ne pas crier.

—you shouldn’t do that.