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RIT a ouvert ses portes, bienvenue à vous les choux. :coucou:
des bisous d'amour sur vous les petits chats, on vous aime. i still taste the past — [pv hepburn fuyuki] 3081928241 i still taste the past — [pv hepburn fuyuki] 2900119244
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 i still taste the past — [pv hepburn fuyuki]

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MessageSujet: i still taste the past — [pv hepburn fuyuki]   i still taste the past — [pv hepburn fuyuki] EmptySam 20 Jan - 21:25




fuyuki // emiko

i still taste the past.


    Roppongi la nuit est un endroit tout particulier. L’ambiance y est légère mais tendue, grésillant d’excitation et bourdonnant du bruit des conversations et des rires. C’est l’endroit parfait pour se changer la tête un vendredi soir après une longue semaine de travail et une journée chargée. Les garçons et les filles sont beaux, se trémoussent et la foule vibre d’un mouvement homogène au rythme du beat et des verres qui se vident et s’entrechoquent.
Au milieu de cette cohorte, Emiko est elle aussi fiévreuse. Ses yeux sont brillants, ses joues rosées et son corps mince ondule dans une robe courte qui ne ressemble pas à son style habituel. Perchée sur ses talons hauts, la naissance de la poitrine découverte, elle s’étonne elle même par son sens du rythme inopiné et bienvenu. Elle tient dans la main un gin tonic, qui n’est pas le premier de ce soir et ça explique ses yeux fous et son visage heureux.

Elle avait les yeux baissés sur des patrons, occupée à modifier des lignes et des tracés, lorsque son amie Haruka l’avait rejointe à la table à dessin, un sourire malicieux collé sur le visage. Elle sortait avec quelques amis et elle allait les rejoindre, voulait savoir si ça dirait à Emiko. Elle avait bien besoin de se détendre un peu, c’était la fin des congés d'hiver et avant la reprise des cours Emiko devait prendre une soirée pour rigoler et s’amuser. Elle avait été sans cesse prise entre les défilés, les modèles à finir, les objets à peaufiner. Cela faisait un moment aussi qu'elle n'était pas allée à Oji et n'avait donc pas vu Hisao. Côté bas du corps, donc, il commençait à faire faim.

À Roppongi, les garçons et les filles attirants ne manquaient pas. Haruka savait pour l’incident et pour la volonté d'Emiko de rencontrer de nouvelles personnes, d'avoir des histoires d'un soir frivoles et sans importance. Haruka était une wingwoman extraordinaire et, même si Emiko n'en avait pas forcément besoin, son aide, qui consistait principalement à éviter que la jeune styliste ne passe à des sujets trop sérieux trop vite, était bienvenue. Elle était passé d'une activité quasi nulle à 100% de réussite, et ça lui faisait bizarre, pas forcément dans le mauvais sens du terme. Seulement cette fois-ci, Evey avait hésité. D’abord, elle n’avait rien à se mettre et pas vraiment le temps de rentrer chez elle si elle venait, finissant tard. Elle voulait nourrir le chat. Il y avait une rediffusion de sailor moon à la télé. Et elle n’avait aucune idée de si coucher avec de presque parfaits inconnus avec 4 grammes d’alcool dans chaque bras était une bonne idée. Pas que ça lui déplaisait, non, mais elle se souciait des effets à long terme.

Haruka avait insisté, ça serait fun, Emiko pouvait demander à sa colocataire de câliner Jagaimo, et elle-même lui prêterai une robe, des talons et du maquillage. Alors Emiko avait abdiqué. Les deux amies s’étaient dirigées vers minato, où Haruka partageait un appartement avec quatre autres filles, toutes plus cool et sexy les unes que les autres. Si tu as réussi à choper en étant habillée normalement, Haruka lui avait soufflé, imagine ce que tu vas pouvoir faire quand je t’aurai faite bonne. Emiko avait eu un petit rire bête, mais Haruka,  avait un placard rempli de robes plus courtes les unes que les autres, de chaussures qui ressemblaient plutôt à des échasses, et de sacs dans lesquels on rentrait à peine son téléphone, sa carte de crédit et deux condoms. Peut être qu'Emiko avait un style, mais Haruka savait être sexy. Âgée de quelques années de plus qu’Emiko, elle avait naturellement décidé de la traiter en petite sœur et elle passa presque une heure à lui faire essayer de multiples assortiments. Puis Emiko s'était maquillée et coiffée assez simplement. Elle ne voulait pas non plus être une différente personne.

L’exercice était éprouvant pour la jeune fille mais quand elle croisa le résultat final dans le miroir, elle en resta sans voix. Certes, elle avait regagné en confiance les derniers mois, mais là, elle se trouvait carrément sexy. La robe était noire, toute simple et avait la longueur d’une minijupe, des bretelles, et un décolleté bénitier dans le dos. Le tissu était velouté et cintrait son corps, dévoilant ses épaules piquetées de tâches de son, et une bonne partie de ses jambes. Ses chaussures étaient également noires,et les talons faisaient bien une dizaine de centimètres, soit plus du double de ce qu’Emiko portait habituellement hors photoshoots, mais pour l’instant elle tenait dessus à peu près en équilibre. Il fallait simplement qu’elle s’habitue. Ses cheveux étaient attachés en un messy bun, révélant son cou gracile et ses oreilles ornées simplement de deux anneaux argentés. Son maquillage était simple, un rouge à lèvres foncé et un trait d’eye-liner, eyebrows on fleek, c’était tout. Haruka avait reculé de quelques pas pour admirer son travail, sifflé et lui avait donné une tape amicale sur la cuisse "kawai- ie. Kakoi!" avait elle dit en riant. Là encore, Emiko avait gloussé, ravie. Haruka s’était préparée pendant qu’elles buvaient déjà quelques verres puis elles avaient repris le métro vers Roppongi, qui n'était plus si loin du tout.

Quelques heures plus tard, le chignon légèrement défait, dans la chaleur d’un club, elle danse sans s’arrêter, nullement gênée par le contact avec les corps qui l’entourent. Elle retourne au bar se commander une autre boisson, et engage la conversation avec une fille aux cheveux courts, en chemise et pantalon cigarette. Emiko admire son élégance. La fille, Rei, la complimente sur sa tenue. Quelques drinks plus tard et leurs bouches sont collées l’une contre l’autre alors qu’elles sont blotties dans une alcôve sur une banquette. Pourtant, Rei se lève, doit partir, boulot le lendemain, il est déjà tard. Evey comprend. Rei laisse son numéro et prend celui de la jeune fille, promettant de la rappeler, lui assurant qu’elle est adorable, etc. Emiko jubile de peut être bientôt être activement bisexuelle, et tremble un peu aussi de ce qui pourrait lui arriver si c'était le cas. Tokyo est une grande ville, mais le Japon n'est peut être pas des plus tolérants. Alors que Rei quitte le club, elle se lève et se dirige de nouveau vers le bar. Il est déjà presque deux heures et la fête bat son plein. Emiko récupère son verre et tente de se frayer un chemin à travers la foule. Le lieu est bondé et Haruka et ses amis sont de l’autre côté de la salle. Elle les hèle et ils agitent leurs mains, lui faisant signe de les rejoindre avec des sourires entendus. Elle presse le pas, et ce faisant, renverse presque son verre sur un jeune homme contre qui la foule la pousse. Lorsqu’elle relève le nez vers le visage de l’inconnu qui, grâce à ses talons, n’est pas beaucoup plus grand qu’elle, elle réalise que c’est lui.

« Eh- Are- Ki o tsukete! »

Il ne manquait plus que ça.

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Hepburn Fuyuki
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MessageSujet: Re: i still taste the past — [pv hepburn fuyuki]   i still taste the past — [pv hepburn fuyuki] EmptySam 20 Jan - 22:01

C’est la fête, Jack part cette nuit pour la Grosse Pomme. Un mélange complexe d’émotions qui domine Fab. Il est heureux, triste, excité, effrayé. Jack c’est Jack. Quand Fab lui a annoncé qu'il quittait Londres pour Tokyo, Jack a décidé de repousser son propre retour à New York pour accompagner Fab dans son périple japonais. Pendant un mois, ils ont cohabité dans la capitale nippone et Jack, étant Jack, c'est fait des amis en tout genre. Une trentaine d’entre eux se sont déplacés afin de s’éclater une dernière fois avec leur ami américain, avant son retour d'exil. Fab est assis avec une fille sympathique, une doctorante à l'Université de Tokyo que Jack a aidé dans son doctorat pendant le dernier mois. Fab regarde son mate danser sur une table, de la bière imbibée dans son t-shirt, de la mousse blanche pas encore léchée sur ses commissures. Il rit à l’image, sirotant avec paresse son breuvage. Ses pensées vagabondent comme il étudie les autres saynètes du bars, les paires se French kissant, les filles criant, les garçons rôdant à la recherche d’une proie, leurs canons sortis. Et lui qui observe nonchalamment, un Balzac de nos jours, mais à Tokyo plutôt qu'à Paris.

Ce qui le surprend, c’est cette inhibition qui le prend d’assaut. Comme s’il était impossible pour lui de joindre le rythme, de se mêler au battement de la vie, tant ses remords pèsent lourdement, le clouant à la banquette. Son estomac vit une dichotomie qui lui donne la nausée : ses tripes veulent danser parmi la foule, dans l’insouciance et la témérité, mais tout son corps le fige, le retient, le détient sous la prison de ses os. Si le dernier mois s'est déroulé dans l'extasie et la douce délinquance, maintenant que le départ de Jack est éminent, Fab a peur de dériver. Soudainement, Tokyo s’est comme vêtue d’un linceul opaque, à l'idée qu'elle se vide de son meilleur ami, et il reste à Fabien de l’écarter pour découvrir s’il reste de la vie derrière le tissu maudit ou si bien le dernier souffle de la ville a été poussé. Si tel est le cas, peut-être serait-il temps pour lui de retourner sur les géantes et jeunes prairies de l’Amérique, d’y courir, d’y rouler et d’abandonner la rigueur unique de l'Asie. Il glousse à cette tragique idée. Néanmoins, tout lui indique cette direction, c’est toujours à l’Ouest que son regard tend, que ses pieds le poussent. Mais il récupère toujours cette incroyable aspiration. Peut-être est-ce là le sort cruel de l’écrivain, mais Tokyo est un chapitre et il ne peut l’interrompre si tôt. Ou du moins, il doit en écrire la fin, car son exil est loin d’avoir abouti, au contraire il débute. Seulement, le voilà un peu à court d’inspiration. Il l'habite des idées de rancoeur, des souhaits de concorde. Il ramène le verre à sa bouche, goûtant au rhum sucré de son drink, la couleur cyan de celui-ci pétillant sous les faisceaux des stroboscopes.

« Hon o kaita ne? »

Hissé hors de ses rêveries, Fab se retourne vers son interlocutrice. Ses cheveux noirs ondulent avec une perfection démesurée autour de son visage, suggérant à Fab que le temps qu’elle a passé à les manier se comptent en heures. Même chose pour son maquillage, l’agilité parfaite des couleurs et des contours sur son visage présument une dextérité sans équivoque.

« Ouais. Je ne pense pas le refaire de si tôt. » répond-t-il.

« Pourquoi pas? C’est sexy, un gars qui sait utiliser sa plume. »

Fab hausse le sourcil, rigolant à l’attitude de la fille.

« Tu aimerais bien me voir couler de l’encre, j’imagine? »
renchérit-il.

Elle s’esclaffe, crachant quelques gouttes de son breuvage violacé. Les deux jeunes rient un moment.

« Sérieusement, ça m’intéresse. De quoi parle-t-on bouquin? Jack m'a dit que c'était super! »

Fab hésite un moment, rassemble ses idées.

« Ça explore le thème de la solitude, en essayant de la montrer sous toutes ces formes, tous ces angles. C’est l’histoire de Mo, le protagoniste qui demeure sur une île tropicale plus ou moins déserte. C’est plus ou moins clair s’il y réside par choix ou s’il y est coincé. En face de son île, il y en a une autre, sur laquelle il semble y avoir une grosse fête. Pendant le roman, on essaie de comprendre pourquoi Mo n’y va pas… »

« Comme toi, alors. »
précise-t-elle, en pointant Jack et les troubadours s’éclatant, cognant leur tête contre l’air chaude de la boîte.

« Non. » nie Fab, gêné.

« Finalement, est-ce que Mo se rend à la fête? » demande-t-elle.

Fab sourit, cale son verre et le dépose avec conviction contre la table basse devant un, secouant celle-ci, faisant trembler lui et la jeune fille anonyme à ces côtés.

« On s’en fiche de Mo. »

Il attrape sa main, un vieux sourire sur ses lèvres, un sourire dont il se souvient, un sourire qui lui a manqué. La fille dépose une main douce dans la sienne, dans un geste délicat qui contredit l’empressement de Fab dans un portrait des plus épiques. Le garçon l’entraine sur la piste de danse. Jack les aperçoit, bondit dans leurs bras. Le premier pas vers la liberté, pense Fab.

Whatsername danse, danse, danse, tourne dans toutes les directions, Fab suit son mouvement avec aisance et confiance. Ils font presque l’amour, tant dans leurs déplacements sont intimes, harmonieux. Fab échappe plusieurs fois l’occasion de lui soutirer son prénom, mais il sent son corps prendre préséance sur sa bouche, ses gestes estropier ses mots. Soudain, il bondit un peu plus, brandit le poing vers les dieux des bacchanales oubliées et hoche la tête dans les directions les moins opportunes. La fille fait de même, sautille, le rebord de sa jupe se hissant un peu plus à chaque rebond, dévoilant des cuisses brillantes. Fab s’y colle malgré la moiteur, lançant au passage un clin d’oeil à Jack qui est heureux de le voir s’amuser ainsi.

L’amie de Jack se retourne vers lui, extirpe un billet de vingt de sa bourse.

« Je vais nous chercher des verres. »

Fab hoche la tête, accepte l’alléchante offre. Il profite du départ de la fille pour lui-même s’égarer un peu dans la boîte de nuit, le regard distrait, à moitié à la recherche des toilettes, à moitié à la recherche d’un autre regard, comme s’il attendait le moment d’être interpelé par… n’importe qui, n’importe comment.

Aux chiottes, un mec se tire une ligne de cocaïne sur le rebord d’un lavabo, deux autres discutent autour d’un urinoir, un autre fume la cigarette dans une des cabines, sa subtilité minée par le nuage gris s’échappant vers le plafond. Fab se délie la vessie, puis retourne dans le labyrinthe de lueurs du bar, à la recherche de la belle fille aux longs cheveux. Elle n’est ni au bar, ni ailleurs.

Ses yeux dérivent comme il est bousculé, seulement pour se flanquer contre une vision terrifiante et belle. Il la reconnait, instantanément, la stupeur l’ébranle et sa poitrine s’éclate. C’est comme un souvenir, mais différent, maquillé et frivole, à la frontière entre le cauchemar et le rêve. Il ne dit rien, ses lèvres lourdes et égarées l’une de l’autre, témoins de sa surprise.

« Emiko. » sa voix obtempérant enfin, sans ne pas craquer légèrement.  
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MessageSujet: Re: i still taste the past — [pv hepburn fuyuki]   i still taste the past — [pv hepburn fuyuki] EmptySam 20 Jan - 22:19




fuyuki // emiko

i still taste the past.


    La vision embuée par l’alcool et les paupières loudres, Emiko dévisage Fab. Il la reconnaît, il dit son nom. Le temps semble passer au ralenti. Elle regarde par dessus l’épaule du garçon et voit ses amis attablés, en train de rire. La voix de Fab résonne dans sa tête et elle revient à la réalité en un instant. Toute la colère et la tristesse accumulées lors des derniers mois lui reviennent. La rage monte en elle. Et aussi un sentiment qu’elle n’avait pas ressenti, depuis la dernière fois où elle s’était réveillée seule dans le lit mais avec encore la chaleur d’un autre corps qui s’étiolait. C'était lorsqu'elle était encore à Londres. Avant qu'elle ne rende les armes et rentre à la maison. C'était quand Fuyuki avait appris pour l'incident. Elle s’était levée, avait titubé jusqu’à la cuisine où Fab l’attendait. Elle n’avait sû quoi dire. Lui non plus. Il avaient échangé quelques paroles banales et la porte de l’appartement d’Emiko s’était refermée sur lui. Par la fenêtre elle l’avait regardé partir.
La musique est assourdissante dans le club pourtant elle ne l’entend pas, ne ressentant que les vibrations des basses entre ses côtes. A moins que ce ne soient les battements de son cœur. Elle pensait l’avoir oublié, n’en avoir plus rien à foutre de lui. Elle se rend à présent compte qu’elle avait tort. Elle glisse de nouveau un regard vers ses amis qui l’observent, interloqués, interrogateurs. Puis elle laisse faire son instinct.

Sa main s’élève toute seule vers le visage de Fab, ses doigts tremblant entrent en contact avec la peau douce de la joue du jeune homme. Elle esquisse un sourire, et se hisse sur la pointe des pieds. Avant qu’elle n’ait eu le temps de réfléchir ses lèvres frôlent celle du jeune homme, puis s’y appuient plus fortement. La tête lui tourne et elle se sent légère, prête à flotter. Elle ferme les yeux et sa main s’enfonce doucement dans les cheveux de Fabien. Elle savoure l’instant, le contact des lèvres douces, le goût de l’alcool, son odeur quelque peu effacée, la chaleur de son corps contre lequel elle se presse. Une étrange chaleur lui monte au visage, et alors elle revient à la réalité. Elle interrompt le baiser, ôte sa main et le repousse.

C’est à ce moment précis que toute la colère lui remonte et qu’elle voit rouge. Elle a certes pris du temps pour s'enfermer seule dans sa détresse, mais quand elle a voulu reprendre contact, il ne lui a jamais répondu. Son visage l’instant d’avant apaisé se tord en une grimace furieuse, elle fronce les sourcils, sa bouche devient une moue tendue, et elle s’écarte d’un pas.

« Yowamushiyora. »

Elle crache ce mot, et l’instant d’après, la même main juste avant douce et tendre se raidit et elle gifle Fab de toutes ses forces. La laisser des mois sans nouvelles, à tel point qu’Emiko avait dû passer par sa mère qui elle même s’était renseignée auprès des parents de Fabien. Elle avait dû feindre la nonchalance, le désintérêt, la simple curiosité naïve. Elle avait dû taire ses inquiétudes et sa tristesse, le sentiment d’abandon, la culpabilité. Il aurait pu lui arriver n’importe quoi. Elle n’aurait rien sû. Elle avait passé des mois à se blâmer pour la disparition du Canadien, à se ronger les sangs, à broyer du noir, enfermée seule dans sa chambre, avant cette fameuse nuit, cette fameuse chanson des blue hearts, ce fameux moment où elle avait commencé à réapprendre à vivre.

La douleur qui traverse sa main lui indique à quel point la gifle a dû être douloureuse de l’autre côté. Elle s’en fiche. Elle le contourne, le bouscule un peu, se dirige vers ses amis. Haruka pose sa main sur son épaule, demande ce qui se passe.

« J'expliquerai plus tard. Je dois y aller. »

Personne n’ose protester, la jeune femme attrape son manteau et son sac. Juste avant de partir, elle se tourne une dernière fois vers son amie à la peau matte.

« Merci pour la robe. Ja, ne. »

Elle enfile son manteau, balance son sac sur son épaule, et se dirige à grandes enjambées vers la porte.

La rue est bruyante, mais il y fait froid et plus sombre malgré les lumières qui clignotent et tourbillonnent, les enseignes des restaurants, les UFO catchers. Emiko s’enfonce dans la foule en marchant aussi vite qu’elle peut, en courant presque. Elle s’essouffle, joue des coudes, repousse les mains qui se tendent vers elle et ignore les sourires et les mots. Elle se retourne mais ne voit pas Fab. C’est tant mieux, se dit elle sans y croire vraiment. Elle aurait espéré qu’il vienne à sa suite, qu’il la rattrape, qu’il la prenne dans ses bras. Mais ça non plus elle n’y croit pas. Elle sent les larmes qui commencent à monter et secoue la tête, s’oblige à se calmer. Elle ralentit un instant, ouvre son sac, sort une cigarette du paquet et cherche le briquet. Elle réalise qu’elle l’a laissé à l'amie de Haruka et marmonne quelques jurons. La clope au bec, elle s’arrête près d’un groupe de gars, des occidentaux sûrement venus visiter.

« Hi wo kashite kunai?»

L’un d’entre eux fouille sa poche un instant pendant que ses potes font des blagues. Par politesse, Evey sourit avec eux. On lui tend un briquet, elle allume sa clope, le rend et s’apprête à partir quand l’un d’entre eux, vêtu d’un blouson en jean et d’un pantalon noir, l’interpelle avec un fort accent américain.

« Hey toi, ça va? Tu veux venir t'amuser avec nous? »
« Huh, merci, mais ça va. Passez une bonne soirée. »

Elle esquisse un mouvement pour reculer, un sourire crispé sur le visage, mais ils insistent. Elle s’en va, ils commencent à la suivre et alors qu’elle accélère l’un d’entre eux attrape son bras en rigolant. Elle fait un grand mouvement du bras et s’arrache à son emprise, puis pousse le garçon de toutes ses forces, s’envoyant elle même valdinguer quelques mètres plus loin. Ce genre de truc ne lui serait jamais arrivé normalement, même à Oji. Ce genre de truc ne serait jamais arrivé avec des japonais, se dit elle.

« C'est quoi votre problème? Laissez moi tranquille ! »

Ils semblent en colère qu'Emiko ne se laisse pas faire. Manque de bol pour eux, elle n'est pas seulement japonaise, mais a aussi du sang européen. Celui qui l’a attrapée lève le bras et Emiko baisse instinctivement la tête. L'adrénaline lui monte à la tête, elle recule.

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MessageSujet: Re: i still taste the past — [pv hepburn fuyuki]   i still taste the past — [pv hepburn fuyuki] EmptySam 20 Jan - 22:38

Trois. Deux. Un. Action.

La mise en scène est terriblement parfaite. Les néons, dans leur zizanie, semblent se fixer contre les héros. Fab, l’antihéros contemporain, le saltimbanque des cœurs, figé dans son scénario manichéen, torturé par ses envies de hotshot émotif. Emiko, l’héroïne qui porte bien son titre, une drogue inoubliable et , qui doit être jouée par l’actrice-caméléon aux archétypes de la girl next door et de la femme fatale, un mélange malsain de la demoiselle en détresse et de la final girl des slasher films américains. Les caméras tournent, mais l’acteur a oublié son texte, a oublié son rôle. Oublié le genre même. Il s’attend à de la violence, à de la peur, à des pleurs, à des rires, à de la guerre, à de la joie, à du dégoût.

Finalement, c’est l’amour, à sa surprise qui l’emporte. C’est sur la pointe des pieds qu’Emiko se déplace, hissant ses lèvres près des siennes et la collision a lieu. Ils s’embrassent, sous les drapeaux bleus, rouges et verts des éclairages. V-J Day in Times Square a honte devant leur baiser. Ils sont jeunes, ils sont beaux et ils vivent les plus beaux jours de leur vie.

C’est comme un film, mais c’est pire : c’est la vie.

Puis, le générique se déroule, les amants disparaissant derrière les ombres des dernières pellicules. La magie du cinéma s’évapore, comme la brume des souvenirs elle-même se dissipe. Ils ne sont ni jeunes, ni beaux, mais brisés et raclés. Personne ne sait ce qui se passe après les end credits, personne ne sait de quoi a l’air le happy ever after. Le voilà, c’est une gifle contre la joue, un élan hurlé par le cœur.

Emiko lui lance une insulte et, suivant le nom des acteurs sur l’écran, s’égare dans la foule. Fab ne peut s’empêcher de croire que c’est la fin, le vieux et talentueux réalisateur italien ayant imprimé fine en fines lettres blanches sur un fond noir. Tout tourne autour de lui, tout semble disparaître. Qu’arrive-t-il au héros après le film?

La vérité, c’est qu’il n’arrive rien. Le moment s’évanouit et laisse place à l’instant. Fab a la bouche sèche et la joue rougie, mais les lèvres douces et humides. La vie est étrange parfois, le voilà, au beau milieu d’un piste de danse, naguère si heureux, quelques secondes plus tôt, et maintenant comme piégé dans le désert, dans l’ignorance la plus totale. Tous les gens autour de lui, tous les murs et toutes les tables ne sont que des grains de sable et il en existe des milliards de tous les côtés. Et de l’un de ces côtés, invisibles à l’œil nu, se trouve Emiko.

Fab titube finalement, cessant d’être martelé par les coudes et les hanches des fêtards. Son regard cherche Emiko, mais elle n’est pas là. Ses amis dansent, Jack fait la fête et c’est bien ainsi. Du coin de l’œil, il perçoit les regards méfiants et haineux des amis d’Emiko, qui le reconnaissent de leur table. Fab essuie leurs regards et s’excuse en baissant les yeux, tel un chien piteux. Il s’éloigne, navigue à travers la foule et s’arrête devant la porte menant vers la rue où il devine que son amie s’est enfuie. Sa poitrine se rapetisse, ses côtes s’entrelacent et l’étouffent. Hors d’haleine, il s’appuie contre le mur du bar, épiant un peu la rue, hésitant. Peut-être n’y a-t-il pas de happy ever after. Emiko lui en veut, il s’en veut. Il était malade. Il l’est toujours. Son cœur se débat dans son torse, mais Fab ne sait dans quelle direction. Il est si effrayé, il préfèrerait affronter la mafia japonaise ou l’armée spartiate que d’aller parler à Emiko. Ses jambes vrombissent, telles des feuilles martelées par le vent. Ses yeux se ferment, telles des écluses menacées par l’orage. Il ne peut pas. Il ne veut pas. Tout son être lui indique la voie à suivre, la fuite est si simple. Quel homme, devant une avalanche resterait planté là ou pire irait à la course à la rencontre des neiges? Toute personne censée se cacherait derrière une rocher ou un arbre. Fab l’imagine déjà : la parfaite fuite, des palmiers, le Brésil, la mer, les guitares, le portugais. Loin de la frénésie de Tokyo, des dogmes nippons qui les étranglent. Loin d’Emiko, près de Fab. Voilà la plus tragique des histoires. Le choc du garçon de l’Amérique et de la fille de l’Asie. Fab a le syndrome de ces ancêtres, la maladie de la fuite, l’adieu facile. Il devrait suivre Jack et tout laisser tomber. Au revoir Tokyo, l’Amérique m’attend à bras ouverts.

Et puis. Au diable. Fab relève la tête. Il ne peut laisser le Japon dans l’état qu’il est. Fab l’a empesté de sa fourbe et doit maintenant l’en soigner avant de retourner au Nouveau Monde. Il s’aventure dans la rue, court dans trop de directions, les néons des affiches le guidant de leur mieux. Puis, il l’aperçoit, trois hommes l’encerclant, l’un avec le poing tendu. Fab ne réfléchit pas. Il court et s’interpose entre l’imbécile et Emiko. Il ne se contient pas, il est dans tous ses états. Violemment, ses mains poussent les épaules du gaijin, lequel titube, mais est rattrapé par ses amis. Fab bondit sur lui-même, la rage dans les yeux, l’écume à la bouche.

« Get the fuck out of here, assholes, before I beat the shit out of you punks! »

Les deux barjots silencieux saisissent leur ami et l’enjoignent à partir. Fab les effraie, il s’effraie lui-même. Finalement, l’idiot lui montre le doigt d’honneur, puis décampe avec ses mates. Fab respire rapidement, les épaules tendues et les poings serrés, regardant partir les trois hommes. Il retrouve son souffle peu à peu, mais refuse de se retourner. Ses doigts se libèrent et se détendent. Il aimerait qu’elle dise quelque chose, est-elle encore là seulement? Doucement, il se retourne vers elle, fuyant son regard de tous les côtés. Un silence pèse.

« Merde... Emiko-chan... Hanashite kudasai. »


Dernière édition par Hepburn Fuyuki le Lun 29 Jan - 0:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: i still taste the past — [pv hepburn fuyuki]   i still taste the past — [pv hepburn fuyuki] EmptySam 20 Jan - 22:50




fuyuki // emiko

i still taste the past.


    Le coup s’apprête à tomber, Emiko rentre la tête dans les épaules, recule et se prépare à encaisser le choc. Ce n’est  pas la première fois qu’elle a peur d’un mec. Ils lui font tous peur. Même si elle se convainc du contraire, il lui suffit de les voir en bandes et, si elle est seule, son cerveau se met immédiatement en état d’urgence. Surtout les gaijin. Elle serre les dents, mais alors qu’une main devrait s’abattre sur elle, rien ne se passe. Ses doigts se détendent, tremblent et sa cigarette tombe sur les pavés mouillés de cette rue bondée du centre de Tokyo. Son premier réflexe est de la ramasser avant même de regarder ce qui a interrompu la trajectoire du bras. Tout va au ralenti, tout est flou, et le cerveau d’Emiko lui indique que le plus important est de récupérer cette cigarette avant qu’elle ne s’éteigne sur le sol détrempé par une averse récente. Alors elle se penche et la ramasse, tire même une bouffée avant de relever la tête. Et là, elle le voit. Il s’est interposé, il crie après la bande de types, des mots qu’Emiko ne comprend pas vraiment. Les lumières dansent au fond de son œil et il lui faut un instant pour réaliser ce qui se passe. Il est venu. Il l’a suivie. C’est ce qu’elle espérait, quelque part. Eh bien, elle devrait être satisfaite, pourtant elle n’arrive pas à appréhender la situation. Elle reste silencieuse, les bras ballants, la cigarette se consume alors que les abrutis se cassent non sans un charmant geste à l’encontre des deux jeunes gens.

Non. Non, c’est des conneries. Elle ne doit pas se laisser attacher comme ça à ce garçon qui ne lui fera que du mal. Elle n'a pas besoin de lui. Plus besoin de lui. Avant qu’il n’ait le temps de l’interpeller, elle tourne le dos, fait quelques pas, s’apprête à fuir cette situation qui ne peut que la faire souffrir. Pourtant, quelque chose, au fond d’elle, la retient. Elle essaie de faire taire cette envie, ce besoin de le voir, de le toucher, de lui parler, mais elle n’y arrive pas. Alors, elle fait de nouveau volte face, et revient sur ses pas. Ils sont tous les deux face à face à présent, Evey évite le regard de Fab, par peur, par lâcheté, mais aussi parce qu’elle ne sait pas ce qu’elle pourrait faire si ses yeux croisent ceux du jeune homme. Elle rassemble son courage et redresse la tête, seulement pour voir qu’il évite de la regarder. Elle s’en veut de l’avoir giflé, mais sur le moment, c’est tout ce que son cerveau paniqué a réussi à faire. Qu’est-ce qu’elle peut lui dire ? Nier, mettre sur le compte de l’alcool ? C’est évident que ça ne pourrait jamais marcher entre eux, et pourtant… Pourtant, un coin de son esprit ne peut s’empêcher d’espérer. Et si elle lui disait tout ? Si elle lui avouait ? De toute façon, il ne peut pas être plus absent de sa vie que ce qu’il est déjà. Elle n’a rien à perdre. Il la supplie de dire quelque chose. Son visage se ferme mais les larmes lui montent aux yeux.

« Tu comprends vraiment pas, hein ? »

Sa voix est teintée de désespoir et elle se remet droit, aspirant furieusement une bouffée de sa cigarette avant de la souffler brusquement. Elle s’approche, lève le bras, sa main libre serrée en un poing, et alors qu’elle s’apprête à faire quelque chose qu’elle regretterait, ses doigts se desserrent un peu, la force quitte son bras, et finalement elle pose mollement son poing au milieu de la poitrine de Fab. Elle mord sa lèvre fort, très fort pour s'empêcher de pleurer, mais c’est trop tard et de grosses larmes roulent déjà sur ses joues.

« tu m’as laissée sans nouvelles… tu m'as jamais répondu. Je me suis tellement inquiétée, you fuckin wanker… I thought you might be dead or something. »

Elle hoquète et les sanglots se font plus nombreux, elle laisse tomber sa cigarette pour envelopper sa bouche avec ses doigts, essayer de retrouver une respiration normale. Elle bascule un peu contre fab mais se redresse, le repousse. Non. Et puis elle réfléchit et si elle lui dit ce qu’elle ressent, il y a des chances qu’elle n’ait plus jamais l’occasion de le serrer dans ses bras. Alors elle se jette contre lui, de toutes ses forces, désespérée. Elle enfouit son visage trempé de larmes dans son t-shirt et remercie mentalement Haruka de lui avoir fait mettre du mascara waterproof. Elle n’entoure pas ses bras autour de lui, pour ne pas le contraindre à rester, mais les replie contre sa propre poitrine qu’elle sent tressauter à chaque respiration, à chaque sanglot. La bouche écrasée contre le tissus des vêtements de Fab, elle le respire, et se blottit, sachant que ça sera peut être la seule fois. Elle aurait tout donné pour sentir sa peau contre la sienne, son souffle contre le sien, ses yeux contre ses yeux. Mais elle n’a plus beaucoup d’espoir à présent.

« please never do something like that again. »

Elle chuchote, sans être sûre qu’il l’entende, plus pour elle même que pour lui. Comme une promesse solennelle que s’il refait quelque chose comme ça, elle le sortira de sa vie. C’est beau d’avoir des principes, mais Evey sait qu’elle n’a aucunement la volonté de les appliquer. En revanche, elle n’a plus rien à perdre, alors elle respire une dernière fois le parfum du jeune homme, comme pour se donner du courage, et s’arrache à lui.  

Sa respiration est encore chaotique, alors elle se force à se calmer. Elle essuie ses larmes du revers de la main. Elle inspire un grand coup.

« Oh, i’m always fucking crying. I just- It’s just that you’re someone i really care about. You’re talented and you’re smart and you’re just- I’m angry because i thought you ditched me. That night, when you found out… I was happy that you were here, somehow, because i got to spend some time with you… But then you didn't answer when i started writing again and- »

Elle s’égare encore, tourne autour du pot, tente d’éviter l’objet de la conversation. Mais elle ne peut pas. Elle doit dire la vérité. Il ne lui sert plus à rien de vivre dans le mensonge. Elle n’a rien à perdre et tout à gagner. N’importe quoi lui irait s’il décidait de rester. Juste tenir sa main, juste respirer le même air que lui. Si elle pouvait encore dormir avec lui, leurs deux formes creusant le lit, front contre front, leurs cheveux se mêlant en un tissu aux motifs incertains. Ses oreilles bourdonnent, elle prend une inspiration profonde, comme avant de plonger dans une eau à la profondeur incertaine. Et puis, en regardant ses pieds, elle se lance.

« Zutto mae kara suki deshita, bakayaro. »

Voilà. Les mots retenus depuis des années, depuis une éternité, sont tombés. Ils semblent flotter dans l'air. Le temps se ralentit. Quelle que soit la réponse, se dit Emiko, ça ne changera rien, de toute façon. Si il dit non, elle restera libre, et s'il dit oui aussi. Elle continuera à vivre sa vie comme elle l'entend, du moins c'est bien son intention.

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MessageSujet: Re: i still taste the past — [pv hepburn fuyuki]   i still taste the past — [pv hepburn fuyuki] EmptyDim 28 Jan - 5:54

Fab écoute Emiko, il l’écoute attentivement, ses oreilles prêtes à vrombir au son de sa voix. Plus aucun bruit n’existe, les cris de joies des fêtards, les pas dans les ruelles, le courant dans les égouts, tout bruit s’estompe, laissant place au vide, au silence. Celui d’Emiko, pour être exacte. Fab n’entend même plus le battement de son propre pouls, la brise de sa respiration ou même l’écho de ses pensées. Pendant un moment, il se sent happé par tout le pouvoir que cette fille a sur lui. Cette fille, laquelle est comme une figure mythique dans l’histoire de sa vie. Au point où, pendant longtemps, Fab a préféré douté de son existence. Et ce doute, il n’a su sans défaire quand Emiko s’est révélée être réelle. Or, il a reconnu son erreur. Et maintenant, Emiko se trouve à nouveau sous ses yeux, en chair et en os, et Fab veut l’entendre.

Non, il ne comprend pas. S’il n’a jamais rien compris, c’est parce qu’il a toujours préféré fuir. Il a toujours trouvé confort dans la fuite, s’évadant de l’effroi ou de l’importun, courant vers l’excitant, le passionnant. Dès qu’il sent un étau se resserrer, c’est comme le bruit d’un coup de fusil lui indiquant le départ. Et Fab sprinte, jusqu’à ce que ses jambes lui permettent de voler, jusqu’à ce que son pouls s’accélère au point qu’il ne puisse plus songer. Cette adrénaline, c’est comme une drogue pour le Nord-Américain.

Si Emiko semble prête à lui assener un coup de poing, la main de la Japonaise s’alourdit puis chute contre la poitrine du garçon. Dans ce geste, à la fois svelte et lourd, Fab capte toute la douleur d’Emiko, tout le mal que son absence a causé. Une larme s’échappe doucement entre ses cils, ruisselant contre sa joue. Il se sent odieux. Lui, qui semble n’être capable que des pires intentions, qui parait ne faire que du mal à ceux qu’il souhaiterait aimer. Et maintenant, les deux souffrent, en plein Roppongi, dont les feux ne font pas gloire à leurs tragiques destins. La Terre est suffisamment grande pour que chacun en choisisse leur partie, leurs continents ou leur pôle et s’y installent. Que quand le Soleil veille sur Emiko, ce soit la Lune qui apaise Fab et l’inverse. Pourtant, Fab s’entête. Car aucun abri ne remplace la présence des personnes. Il a longtemps oublié cela ou peut-être ne l’avait-il jamais réalisé. Fab aimerait pouvoir montrer cela à Emiko, comme elle le lui montre. Mais les écrivains sont les pires avec les mots. Voilà pourquoi ils écrivent : pour mettre par écrit ce qu’ils sont incapables de dire, au moment voulu, à l’endroit voulu.

Quand Emiko lui parle, Fab reçoit chaque mot comme un couteau au ventre, mais aussi chaque son comme un baume sur le cœur. S’il se déteste, il ne peut s’empêcher d’être heureux, quelque part, d’avoir retrouvé celle qui veut dire tant à ses yeux. Le moment est si intense. Si important. Comme si le reste de sa vie n’avait été qu’une longue attente avant cette nuit. Aux yeux de Fab, ni futur ni passé n’existent. Ou du moins, ils coexistent dorénavant, ici, là, maintenant. Fab ne songe plus à hier, ne pense plus à demain. Plus rien n’existe sauf les sanglots d’Emiko et la joie qu’il a de la revoir, de la sentir tantôt contre lui, tantôt le repousser. Son imagination, autrefois grande et sans limite, ne peut soudainement concevoir qu’il puisse exister autre chose que ce moment et ceux qui l’habitent.

Emiko contre son torse, les bras repliées contre sa poitrine, Fab hésite, puis enlace la Japonaise avec douceur. Puis, un murmure glisse entre les lèvres de celle-ci, murmure que Fab entend très bien. Tout de suite, il voudrait lui promettre. Mais quelque chose le retient. Ses lèvres s’écartent, mais il ne prend pas la parole. Puis, il renfouît son visage dans les cheveux d’Emiko, feignant n’avoir rien entendu.

Soudain, Emiko se retire et leur étreinte prend fin, au dam de Fab. Loin de lui, elle dit des mots, plusieurs et qui le saisissent. La chamade l’éprend, de légères sueurs le caressent. Sans en être certain, il croit deviner ce qu’Emiko tente de lui annoncer. L’a-t-il toujours su? Ou n’en a-t-il jamais été conscient? Étrangement, il hésite entre ces deux réponses, incapable de dire. Comment savoir? Comment deviner? Des fois, il a l’impression d’être un inconnu pour lui-même, alors comment prédire qui est Emiko, ce qu’elle ressent, ce qu’elle pense?

Puis, elle lui avoue. Ainsi, elle trace une ligne indélébile entre avant et maintenant. C’est fou, comment quelques secondes peuvent tout changer, tout bouleverser.

Fab s’approche, les yeux d’Emiko miroitant dans les siens. Ses prunelles s’embrouillent, prises sous l’eau nouvelle de deux étangs. Il ne pleure pas, mais il a les larmes aux yeux. Ému, tout se passe si bien. Il entend presque les bobines de la caméra défiler comme la scène se poursuit sous les regards impatients des étoiles. Ses mains se déposent contre le visage d’Emiko, le hissant tendrement vers le sien. Il l’embrasse. Avec passion, avec retenue, avec désir et prudence. Leurs lèvres se touchent et Fab fait attention, mais a du mal à refouler sa fièvre. Ses mains ondulent contre le corps d’Emiko et trouve une halte réconfortante au bas de l’échine, au-dessus de là où le dos devient les fesses. D’un mouvement se voulant à la fois lent et bref, il rapproche le corps d’Emiko contre le sien, sentant leur poitrine s’appuyer l’une contre l’autre. Les cheveux de la Japonaise ruminent leur délicieuse odeur jusqu’aux narines de Fab. Celui-ci n’a jamais été doué avec les odeurs et, encore une fois, ne sait la reconnaître. Il se promet de demander à Emiko, plus tard, l’odeur de sa chevelure. De sorte qu’il pourra bientôt dire qu’il a déjà embrasser une fille dont les cheveux sentaient le jasmin, la lavande ou la grenade.

Peu après, il desserre leur étreinte, inconscient, confus, heureux. Ses mains sur les épaules d’Emiko, il la regarde, fuyant de temps à autre son regard, le sien traîné vers le sol. Il sourit prudemment, un peu bête, un peu gêné. Puis, son sourire change, sincère, reconnaissant, paisible même. Il l’enlace à nouveau, déposant sa tête par-dessus l’épaule d’Emiko.

« Arigatō. »
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MessageSujet: Re: i still taste the past — [pv hepburn fuyuki]   i still taste the past — [pv hepburn fuyuki] EmptyDim 28 Jan - 16:24




fuyuki // emiko

i still taste the past.


    Et voilà. C’est la première nuit du reste de sa vie. Il n’y a pas de retour en arrière possible, elle se présente à Fab comme nue, vulnérable, la poitrine ouverte en évidence. Il peut la poignarder  ou la caresser, il est le seul responsable de ce qui va se passer après. Les yeux trempés d’Emiko rencontrent ceux de Fabien, elle songe à détourner le regard mais n’en a pas le temps. Elle sent les paumes chaudes du garçon contre ses joues froides et humides, il l’attire vers lui, et elle ne résiste pas. Pourquoi résisterait-elle ? Ça n’aurait pas de sens. De toute façon, quoi qu’il arrive, elle ne peut que suivre le mouvement.

Il l’embrasse et pour la deuxième fois ce soir, leurs lèvres se touchent, leurs souffles s’emmêlent, il l’enserre entre ses bras et elle s’abandonne à lui. Plus que ça, même, elle pousse son visage contre le sien, comme pour se fondre en lui. Les gens les regardent sûrement, on n’apprécie pas les démonstrations d’affection dans ce pays, mais elle s’en fiche. Elle a attendu trop longtemps pour ça. Elle est en équilibre au bord d’un gouffre, sur la pointe des pieds, contre un corps trop longtemps attendu. Ses mains agrippent les vêtements du jeune homme, ses ongles en griffent le tissu alors que leurs poitrines s’écrasent l’une contre l’autre. Elle ne peut retenir un soupir qui est presque un gémissement, de douleur, d’émotion ou de plaisir, elle même ne saurait le dire. Le temps s’arrête autour d’eux et ne restent que leurs visages qui se touchent. Si elle s’écoutait, elle le mordrait, elle le grifferait, elle le prendrait par la main et l’entraînerait chez elle. Mais voilà, il y a un problème.

Elle ressent ce qu’elle ressent, et elle en est certaine. Seulement voilà. Elle n’a aucune intention de s’enfermer avec quelqu’un. Et ça lui fait peur. Elle ne veut pas lui faire de mal mais ne veut pas se priver de sa liberté si nouvellement retrouvée. Les rouages de son cerveau tournent à toute vitesse mais ne trouvent pas de solution à appliquer tout de suite. En fait, si Emiko sait ce qu’elle ne veut pas, elle ne sait pas ce qu’elle veut.

Leur étreinte se termine et elle reste là, les lèvres humides, le goût du baiser s’étiolant encore dans sa bouche. Soudain, elle reprend contact avec ce qui l’entoure, avec la vie, avec ce qui existe en dehors du moment qu’ils ont partagé. Hors de question de se couper de relations qui lui font du bien, hors de question d’abandonner ses brainstormings nocturnes avec Seto. Elle se retrouve dans un cul de sac. Alors, quand son regard croise celui de Fab, qu’il lui sourit, elle ne peut que détourner les yeux et regarder le sol. Elle ne sait pas quoi dire. Elle l’a attendu si longtemps qu’elle a fini par tomber amoureuse de son absence, d’une certaine manière. Elle finit par lui jeter un regard, esquisser un sourire. Malgré tout, ce moment est un moment qu’elle a attendu si longtemps. Pourquoi ne pas se réjouir ? Pourquoi ne pas se laisser un instant de répit et se questionner sur ce qu’elle veut vraiment plus tard ? Peut être demain matin ? Son esprit est trop paresseux, englué dans des émotions qui se mélangent, pour y réfléchir maintenant.

Il la remercie, l’étreint, et elle n’est pas sûre de comprendre pourquoi. Elle se détourne un peu, Emiko, confuse, incertaine de ce qu’elle doit faire ou dire ou demander, et même si elle apprécie le contact, elle ne peut pas empêcher son esprit de travailler à toute vitesse. Il a sa tête sur son épaule, et elle lève la main, caresse ses cheveux fouillis, elle tente de sourire mais n’est pas sûre d’y arriver.  Sa voix, légèrement cassée, réussit à passer la barrière de ses lèvres et à se rendre audible, au moins un peu.

« Eh- donna wake de ? »

Il n’y pas vraiment de raison pour qu’il la remercie. Elle le repousse très doucement, comme on tiendrait un oiseau tombé du nid, avec des doigts très délicats, pour ne pas risquer de faire du mal. Elle cherche ses mots, ses yeux dans le vide, avec un semblant de sourire qui s’égare encore sur son visage. Les lumières dansent et son regard tente de les suivre toute pour finalement n’accrocher aucune. Elle balbutie.

« Ano- Atashi- »

Elle cherche ses mots, ne veut pas repousser, ne veut pas se donner complètement non plus. Et puis, elle songe qu’il est trop tôt pour se dérober. Qu’elle devrait profiter de l’instant et reporter les questionnements à plus tard. Elle ne peut que suivre ses pulsions pour l’instant, peut être,  et s’enfuir plus tard si les choses sont de trop. Elle respire profondément, rattrape son souffle. Son cœur fait bang-shang-a-lang. Pour se donner contenance, elle s’allume une cigarette.

« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? »

La question est légitime, et ce à tous les niveaux. Est-ce qu’on continue à faire la fête et à boire ? Est-ce qu’on se balade en se racontant nos vies et tout ce qu’on a manqué chez l’autre ? Ou est-ce qu’on reste dans le silence ? Est-ce que je t’entraîne chez moi pour qu’on arrache nos vêtements et qu’on ait enfin ce contact peau contre peau tant espéré ? Emiko a peur de ce que ça implique, ne se sent pas capable de prendre une décision. Elle ne veut pas le rejeter, absolument pas, mais elle ne se sent pas capable de résister aux appels de la ville, aux pulsions de son âme et de son corps. Elle l’a aimé depuis presque toujours, mais maintenant, lui donner sa vie et sa liberté, ça pourrait la tuer. Elle lève les yeux vers lui, dans l’appréhension, ses yeux délavés par la trop grande activité de son cerveau, son regard implorant qu’il ne lui en demande pas trop, trop vite, son regard essayant d’expliquer que tout ça ne veut pas dire qu’elle est à lui maintenant, tout en brûlant de désir et d'envie.

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MessageSujet: Re: i still taste the past — [pv hepburn fuyuki]   i still taste the past — [pv hepburn fuyuki] EmptyLun 29 Jan - 1:25

Le monde reprend forme. D’abord, c’est n’est qu’un léger bruissement. Loin, comme le clapotis de la rivière dans la forêt, cachée derrière les arbres. Puis, ça change. Ça devient un murmure familier, les salutations, les petits mots, les sourires. Soudain, s’y ajoutent le bourdonnement de la ville, celui-là, indistinct, qui s’entend du haut des gratte-ciels. Enfin, Fab redécouvre le brouhaha s’échappant des bars, le vacarme des rues de Roppongi. Le grésillement de Tokyo réapparait. Et les sons détonent et explosent dans le visage du garçon.

Le moment s’est estompé, s’est tari.

Sans pour autant s’en plaindre, Fab suit du regard les yeux fuyants d’Emiko. Lui-même devient distrait. Le monde a maintenant repris forme et le garçon réalise qu’il a oublié bien des choses, le temps d’une étreinte. Mais maintenant qu’il entend de nouveau le ruissèlement de leur univers, la force du courant s’entête à l’emporter. Fab veut sourire. Il veut soudainement rire à nouveau. Il se sent renaître, d’une certaine façon, prononçant un dernier au revoir aux drames des dernières années. Enfin, veut-il crier dans les ruelles de Tokyo, Fab vit de nouveau. Les derniers souvenirs de cette nuit dans Kensington s’effacent et brisent son trouble, laissant toute la place aux prochains instants. Fab voudrait qu’il pleuve, juste pour qu’il puisse se moquer de l’averse et danser sous la pluie. Les dangers des eaux troubles s’enfoncent, loin de la surface, et Fab n’en voit plus que la houle invitante. Il veut rentrer en trombe dans le bar, saisir Jack et rompre leurs barreaux afin de se perdre sous la Lune, à jamais. La nuit, Tokyo se vêtit d’un faux linceul pour dissimuler qu’elle ne dort pas, mais au contraire que jamais n’est-elle plus en vie. Et Fab veut la mettre au défi, découvrir qui entre eux est le plus vivant. Il s’imagine courir en rond, une bouteille à la main, suivi ou seul, les épaules légères.

Après tout ce temps, il ne s’en veut plus.

Devant les traits inquiets d’Emiko, Fab ne se retient pas de rigoler.

« Kekkon shinai. » s’esclaffe-t-il. « Ne nous pressons pas, d’accord? Pouvons-nous être seulement deux personnes qui s’importe l’une l’autre et qui sont heureuses? »

Voilà comment il se sent. Devant les vents, il se sait invincible. Il a souvent échappé à la mort, après tout. Il a envie de faire une folie et d’emmener Emiko, Jack et tout le monde avec lui. Il serait même prêt à rappeler Michelle et toute la bande de Cambridge pour un délirant périple. Voler plus haut qu’ils n’ont jamais voler, peut-être même rejoindre la Lune, afin que cette nuit ne s’interrompt jamais.

« Présentons-nous à nos amis? Emiko-chan no tomodachi o aitai desu. »

Il éclate de rire. Il veut se laisser trembler dans la boîte de nuit, corps à corps, s’oublier encore plus, vivre encore plus fort. Ses ennuis partis, l’adrénaline tente de le consumer, mais il en faudra beaucoup pour venir à bout de lui. Il commence à bondir malgré lui, souriant bêtement à Emiko, le goût salé des larmes contre les lèvres, du sang bouillant dans les jambes. Il saisit la taille de son amie et la soulève, tournant rapidement sur lui-même, hilare. Puis, il la redépose, haletant légèrement.

« Allez ! Plus nous sommes de fous, plus nous rions ! D’autant plus, il va falloir que tu leur expliques cette baffe ! »

Sa main attrape celle d’Emiko pour l’inciter à le suivre, la relâchant presqu’immédiatement. C’est à peine s’il ne court pas. Sa tête se lève vers les feux des étoiles et il pousse un cri de joie, écartant ces bras vers la voie lactée. Fab n’a aucune idée d’où cette soirée le mènera ou si Emiko sera toujours prêt de lui une fois le Soleil levé. Or, qu’importe ce qui arrive, voilà ce qui fera de cette nuit-là la plus inoubliable de sa vie. L’attente est terminée. Fab est de retour.
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MessageSujet: Re: i still taste the past — [pv hepburn fuyuki]   i still taste the past — [pv hepburn fuyuki] EmptyLun 5 Fév - 15:41




fuyuki // emiko

i still taste the past.


   Il y a comme deux ambiances entre les deux jeunes gens qui se font face au milieu de la rue comme ça. Fab, tout sourire, insouciant et heureux, et Emiko, inquiète, déjà prisonnière en quelque sorte d’une relation qui n’existe même pas encore. Elle craint déjà de devoir renoncer à ce qu’elle a mis si longtemps à acquérir. Et puis, il rit, la rassure, comme s’il avait senti son trouble. Non, bien sûr, il ne s’agit pas de se marier. Evidemment qu’on peut être deux personnes qui s’importent. Elle hoche la tête. « hmm. Hai. Tu as raison. » Qu’elle prononce difficilement, le cœur dans la gorge qui redescend lentement dans la poitrine alors qu’il assure qu’il n’y a pas besoin que cette relation devienne quelque chose qu’elle n’est pas. L’adrénaline redescend et la jeune femme ferme les yeux, reprend sa respiration, se force à se calmer.

Il propose de retourner au même endroit, de se présenter les uns aux autres, et Emiko reste interdite. Elle ne sait pas trop ce qu’elle espérait, mais peut être pas de se retrouver avec un grand groupe fondu en deux. Fab, lui, est extatique. Emiko aimerait avoir sa capacité à passer d’une humeur à l’autre aussi facilement, à se changer les esprits comme ça d’un coup d’un seul. Il se saisit d’elle, la fait virevolter dans la rue où les regards curieux, parfois presque choqués, s’attardent sur ce binôme improbable. Il finit par la redéposer, et elle attrape sa manche, pinçant le tissu entre deux doigts malhabiles. « Tout le monde nous regarde… » Elle ne dit pas ça comme un reproche, même si elle sent le rouge lui monter aux joues, mais simplement comme un fait avéré. Il faut dire, Fab détonne sur le paysage. Il a l’ivresse joyeuse et Emiko, elle, a brusquement gagné en sobriété depuis la gifle.

Il insiste pour qu’ils y retournent, qu’elle explique à ses amis ce qui s’est passé, mais elle n’en a pas envie. Pas maintenant. Elle préfèrerait qu’ils restent tous les deux, qu’ils se racontent ce qu’il y a de nouveau dans leurs vies, qu’ils partagent un peu de temps ensemble avant de replonger dans la foule. Lorsqu’il lâche sa main, elle veut d’abord le suivre, elle lui emboîte le pas, elle voudrait bien pouvoir partager sa joie et son entrain, mais elle ne peut pas. Il y a quelque chose qui la bloque, qui l’empêche de savourer ce qui est en train de se passer. Elle fronce les sourcils, et s’arrête. « Attends. » Elle dit d’une voix froide, plus forte, presque comme un ordre. « D'abord, toi, tu as des choses à m’expliquer. » Elle ne peut pas juste faire comme si de rien n’était. S’il en a la capacité, ce n’est pas son cas à elle et elle se doit de trouver les réponses à certaines questions. « Pourquoi tu as disparu, comme ça, du jour au lendemain ? Pourquoi tu n’as pas répondu quand j’ai recommencé à t’écrire ? Qu’est-ce que tu fais ici ? » Beaucoup trop de choses qui restent dans le doute. Elle est immobile sur le trottoir, au milieu des hommes sandwich qui crient, des groupes de jeunes titubants, des salarymen qui se hâtent pour attraper le dernier métro.

Elle se mord la lèvre, les poings serrés, bien décidée à n’aller nulle part tant qu’elle n’aura pas eu de réponses. « Pourquoi tu es ici, au Japon ? » Elle se répète, mais ça n’a pas de sens. Aucune chance que cette rencontre ne soit que le fruit du hasard, non, elle n’y croit pas. Et si ça l’est, quelle étrange coïncidence. Pas le genre de trucs qui arrive tous les jours. Pourtant, si les choses étaient bien faites, ces retrouvailles auraient eu lieu, peut être, dans quelques années, dans des circonstances moins troubles, peut être qu’elle aurait eu le temps de digérer sa colère, ses doutes, sa peine. Mais pour l’instant, il a des comptes à rendre, et elle ne compte pas le laisser s’en tirer comme ça. « Désolée de te couper dans ton élan, mais j’ai besoin de savoir. » Elle murmure presque, un léger frisson parcourant sa peau, elle s’entoure de ses bras pour se réchauffer mais aussi pour montrer qu’elle est déterminée à ce qu’on lui réponde.

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