made you smile and look away

nakatani sosuke

Il avait six ans. Il n’avait pas le droit de se rendre dans la pièce avec le piano. Mais Sosuke y est allé quand même, une fois que les adultes ne lui prêtaient plus attention. C’était dans la maison de son oncle. Loin de Tōkyō. Sosuke a ouvert les portes coulissantes en prenant soin de faire le moins de bruit possible. Il était là. Noir, massif, couvercle ouvert. Triomphal, seul au milieu de la pièce. C’est ce jour-là qu’il en est tombé amoureux. Il en a fait le tour, faisant glisser ses doigts sur la structure. Puis il s’est assis sur le banc. Il a ouvert le couvercle, dévoilant le clavier dont il compta chacune des touches. 88. Sosuke a retroussé ses manches invisibles, comme il a vu son oncle faire tant de fois. Il a fermé les yeux. Pris une grande respiration. Et il a joué. Effleurant les touches sans jamais les enfoncer. Il a joué, pendant de longues minutes, faisant revivre dans sa tête un air de jazz qu’il a entendu à la télévision. Il a été magistral, ce jour-là. Il a été grandiose. Ce serait son secret. Il sortit de la pièce, laissant le piano derrière lui, oubliant de refermer le couvercle du clavier.

...

「 Quand vas-tu me le dire ? 」
「 Te dire quoi ? 」
Son oncle soupire et agite son journal au-dessus de sa tête, indiquant que la conversation est terminée, avant même d’avoir commencé. Sosuke sait que son oncle sait. Mais il préfère faire semblant que ses sessions clandestines de piano sont un secret aux yeux de tous. Il sait que son oncle l’a déjà écouté, caché derrière la porte du sous-sol. Sosuke a vu son ombre, imposante, baignant de ses ténèbres les escaliers. Ce jour-là, il ne s’était pas arrêté de jouer. Ressentir la présence de son oncle a eu l’effet d’un catalyseur. Il a joué, plus fort, plus vite, un sourire sauvage sur ses lèvres.
「 À la semaine prochaine ! 」
Avec un geste nonchalant en guise d’au revoir, son oncle disparaît dans la rue, faisant retentir derrière lui la clochette de la porte du magasin. Sosuke se relève. Il est tôt, encore, mais il est le maître des lieux maintenant. Il verrouille la porte, tourne le panneau du côté 営業中. Fermé. Il sourit. Il descend vers le sous-sol, la démarche presque religieuse. Il respire mieux, lorsqu’il joue. Il a l’impression de flotter. D’être libre. De faire quelque chose de bien. Il n’a jamais été bon élève. Il a toujours préféré se bagarrer. Créer des problèmes. Quitter le lycée a été le plus bel exploit de sa courte vie. Jouer. C’est tout ce qui importe.  Jouer, s’amuser, se libérer … Il ouvre le couvercle du clavier. Il compte les touches. 88. Il se met assis sur le banc. Avant d’enclencher la première touche,  il regarde les escaliers. Peut-être qu’un jour, c’est l’ombre d’un autre homme qui se projettera sur les marches. Son ombre à lui. Peut-être un jour.

...

Ces nuits ne se ressemblent jamais. Mais elles se terminent souvent de la même manière. Il voit encore la lumière agressive des néons lorsqu’il ferme les yeux. Les paroles des chansons qu’il a chanté derrière le micro du karaoké se mélangent dans sa tête, et il continue de fredonner les meilleures parties, alors qu’il arpente les rues de Tōkyō. Il se fiche s’il chante trop fort. Il se fiche s’il bouscule les tokyoïtes matinaux qui se rendent au travail. Il se fiche des regards. Il y répond par des grimaces provocatrices. Il entre dans son immeuble, grimpe les marches en se tenant à la rambarde. Il ouvre la porte de son appartement et il rassemble toute l’énergie qui lui reste pour glisser sur le sol sans faire un bruit. Il s’arrête devant sa chambre. Il s’est souvent trompé de lit. Sans le vouloir, au début. Volontairement, au fil du temps. Un sourire aux lèvres, une mélodie dans la tête, il pousse la porte de la chambre d’Izumi. Il est là. Endormi. Il n’y a rien de plus beau, à ce moment là. La mélodie s’intensifie. Elle ressemble à un morceau d’Ellington. Ses doigts s’élèvent devant lui et enfoncent des touches invisibles. Ses yeux se ferment. Sa tête balance. Il joue le morceau, avançant lentement vers le lit. Il fait glisser ses doigts sur les 88 touches, un final précipité. Il est au-dessus d’Izumi, et il sait qu’il va le détester encore un peu plus, mais Izumi aime tellement ça. Il le regarde respirer, et ça aussi, c’est beau. C’est une autre mélodie. Tout aussi agréable. Tout aussi vibrante. Il lève ses bras, prêt pour le grand plongeon, gonfle ses poumons, et crie, plaintif :「 U-NO-MI ! 」avant de se laisser tomber sur son colocataire.「 Qu'est-ce que tu fais dans mon lit, Unomi ? 」qu'il souffle, amusé, avant de fermer les yeux.

ce pré-lien, cette tête. c'est que du beau, c'est si beau que moi je MEURS un petit peu. bienvenue parmi nous et bonne chance pour ta fiche, n'hésite pas en cas de besoin.

Citation :

nakatani / 中谷. y'a le nom en caractères dorés - un peu blanchis par la pluie - sur la façade d'un petit magasin discret de bunkyō.

oui je cite comme une no shame, mais je sais pas pourquoi, j'ai une vision trop précise de la chose, c'est tout simple mais tout beau et voilà. et le reste de ta fiche est tout aussi délicieux, vraiment, puis on essaierai de trouver quelque chose, entre musiciens. j'ai trop hâte de voir votre petit duo en jeu !! Izumi a validé du coup tout est bon, amuse-toi bien sur rit

Oulala, bravo petit chat tu as passé la première étape ô combien difficile qu'est celle de la fiche. La fierté est grande, et la joie aussi. Va pas croire qu'on compte te laisser tranquille pour autant, non, t'as juste à passer dans ces quelques coins, et enfin tu pourras écrire tranquillement. Tout d'abord il te faudra passer dans les recensements puis les liens pour pouvoir poser tes valises définitivement. Tu peux aussi faire un tour du côté des portables ainsi que du pokédex !
Du reste, le flood est à ta disposition ainsi que la CB, et n'oublie pas qu'en cas de besoin, le staff est là si tu as des questions.  

バイバイ !