refuge pour animaux — cute little thing ♦ tsubame

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Le jeudi était réservé aux opérations non-prioritaires au refuge, comme les stérilisations. Et comme Charlie, le chiot qu'Hanae avait aidé à sauver quelques mois plus tôt, venait d'avoir six mois, la jeune cheffe avait invité sa presqu'amie - elle n'arrivait jamais à se dire d'elle-même que quelqu'un était ami avec elle - à venir avec le chiot pour le faire stériliser. Elle l'avait amené la veille au soir, et ce matin, Charlie avait été opéré. Tout s'était très bien passé. Hanae était vraiment satisfaite du vétérinaire qui travaillait avec eux : la plupart des associations devaient prendre le moins cher, parfois au détriment de la qualité des soins, et ce n'était pas leur cas.
Un sourire rêveur sur les lèvres, la jeune femme se dirigea vers la petite salle où Charlie se reposait. Le refuge avait la chance d'avoir énormément de petites pièces de deux ou trois mètres carrés où les petits animaux pouvaient être isolé si le besoin s'en faisait sentir - dont notamment ceux qui revenaient d'une opération. Hanae s'accroupit et lui parla d'une petite voix douce en lui grattant l'arrière des oreilles. Il était encore complètement pris dans l'anesthésie mais parvenait à remuer légèrement la queue pour la saluer. Hanae vérifia qu'il n'avait pas souillé son coussin, qu'il avait bu un peu d'eau et lui caressa la tête doucement, savourant la douceur de son poil et la tendresse de ses attentions. Lorsque l'heure vint, elle le prit dans ses bras et se releva, se dirigeant vers l'accueil ou Tsubame débarquerait d'une seconde à l'autre.

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En voyant Tsubame, Hanae sourit et inclina la tête. Avec le chiot épuisé dans ses bras, s'incliner plus aurait été risqué. Il agitait faiblement la queue depuis que sa maîtresse était entrée et tenta de lui lécher la main, mais il était encore tout engourdi et Hanae dut resserrer légèrement ses bras sur lui pour l'empêcher de tomber.
« Comment va-t-il, Nakajima-san ? »
Hanae sourit d'un air rassurant et fit signe au garçon qui tenait l'accueil de lui amener un panier dans lequel elle pourrait poser Charlie. Il pesait son poids après tout !
« Il va bien, Yunabaru-san. Tout s'est très bien passé. Il est encore un peu fatigué, mais c'est à cause de l'anesthésie, c'est normal. Ce soir, il peut boire, mais il ne doit pas manger avant demain. D'ailleurs, il vaut mieux veiller à ce qu'il boive. Certains animaux ne boivent pas après une opération et dans ce cas il faut les faire boire avec une seringue. C'est facile, je peux te montrer si tu veux. »
Les deux jeunes femmes étaient suffisamment proches pour se tutoyer mais pas assez pour employer leurs prénoms. C'était toujours un peu étrange pour elle, les subtilités des rapports japonais, alors même qu'elle n'avait jamais connu que cela. Ses parents n'avaient jamais été très stricts avec elle à ce niveau. Elle aurait peut-être préféré que ce soit le cas, au final. Cela l'aurait peut-être aidée à se sentir moins perdue.
« On en a profité pour faire un petit check-up, et là aussi, tout va bien. Il est en très bonne santé, et d'ici après-demain, il n'aura plus l'air ensommeillé ni vaseux. »

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Tsubame avait l'air anxieuse, et Hanae, pétrie d'angoisses, de toutes ces petites craintes qui parsèment la vie et prenaient pour elle une ampleur parfois démesurée, comprenait plus que quiconque ce que sa presqu'amie ressentait. C'était pourquoi elle se faisait si douce, bien plus encore que de coutume, comme un baume sur ses frayeurs.
« Je veux bien que tu me montres. Je n'y connais pas grand chose et j'ai peur de lui faire mal ou l'étouffer... »
Hanae hocha la tête et posa son regard si pâle sur le chiot allongé de tout son long dans un panier confortable. Il était véritablement adorable, comme toujours. Charlie, nommé ainsi comme un hommage à Charlie Weasley, personnage de Harry Potter sur lequel Hanae avait violemment crushé, était une petite boule d'amour et de joie, comme si ses épreuves étaient si loin derrière lui qu'elles existaient à peine à ses yeux. Il ne demandait qu'à faire confiance, découvrir, grandir.
« J'étais tellement stressée. Merci de t'en être occupé, je n'aurais pas osé le confier à quelqu'un d'autre. Vous vendez les seringues ici ? »
« Pas besoin d'en acheter. Je vais t'en donner une et ça suffira pour aujourd'hui et demain éventuellement. Si après ça il ne va pas boire de lui-même, tu n'auras qu'à revenir me voir, mais je suis persuadée que tout ira bien. »
Hanae s'approcha du chiot, qui l'accueillit comme de coutume en battant de la queue, et posa doucement sa main sous sa tête, la levant quelque peu pour dégager sa truffe. Elle tendit la main sur le côté et le garçon de l'accueil, qui avait l'habitude qu'elle montre la manoeuvre aux adoptants venus stériliser leurs animaux, plaça dans sa main une petite seringue à embout en plastique, remplie d'eau aux deux tiers.
« Tu vois, tu déposes une goutte sur sa truffe, il va la lécher et donc ouvrir la gueule. Là, tu mets l'embout juste au niveau de ses dents et tu pousses le piston un tout petit peu à la fois. Il va se mettre à boire tout seul, comme si c'était sa maman qui lui donnait du lait. C'est naturel chez eux, tu sais. Tu veux essayer ? »
Cela rassurerait peut-être Tsubame de le faire une première fois dans un cadre contrôlé.

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C'était pour ces instants de douceur, d'espoir, de tendresse, qu'Hanae aimait si profondément son travail. Elle sentait à chaque fois son coeur faillir, et c'était si bon, si doux, si proche des élans amoureux qu'elle tentait d'étouffer et dont l'absence était pour elle comme une nuit sans lune, que ça faisait du bien et du mal tout à la fois.
« D'accord. Je vais essayer. »
Bien. C'était bien. Hanae voulait aider sa presqu'amie à prendre courage et confiance en elle, mais comment y parvenir alors qu'elle-même sombrait dans les mêmes travers ? Sous les manches longues de sa robe vert sapin, ses poignets brûlèrent là où ses cicatrices la marquaient à jamais, criant au monde la honte dont se couvrait son geste. Combien elle l'avait regretté depuis ! Même des choses aussi futile que se balader sur une plage en maillot de bain lui manquaient, alors qu'elle n'aimait même pas vraiment ça. C'était stupide. Avec un soupir, la jeune femme se reprit, et surveilla d'un regard confiant les gestes de Tsubame, qui s'en sortait remarquablement bien.
« Ils ont tous autant de force lorsqu'ils boivent ? »
« Eh bien, je dirais que ça dépend. Ils ne réagissent pas tous pareil à l'anesthésie. Parfois à ce stade ils sont déjà prêts à courir partout, d'autres fois ils ne font que dormir. D'ailleurs, d'ici quelques heures, il voudra sans doute jouer, mais essaye de ne pas trop entrer dans son jeu. Demain, il sera très fatigué parce que l'anesthésie ne fera plus du tout effet, mais ça ne servirait à rien de lui donner des antidouleurs, il risquerait juste, puisqu'il ignorerait la douleur, d'aller au-delà de ses forces. Garde-le bien au chaud, et surveille aussi qu'il ne mâchouille pas son pansement. Au cas où, je vais te prêter une collerette à sa taille, tu la ramèneras dans deux semaines quand tu viendras lui faire enlever ses points. »
Hanae repassait toutes les instructions dans sa tête, s'assurant de n'avoir rien oublié. Avec un sourire, elle ajouta encore une chose, d'une voix tendre et chaleureuse.
« Tu te débrouilles très bien. J'ai fini pour ce soir. Est-ce que tu voudrais venir chez moi avec Charlie, prendre un thé, regarder un film ? Tu seras peut-être moins anxieuse si tu ne passes pas les premières heures seule. »

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L'instant pendant lequel Tsubame se figea, surprise, fut terrible pour Hanae. Car pendant cet instant, elle se sentit terriblement inappropriée et un sentiment de solitude si profond qu'elle fut agitée d'un frisson. Elle détestait ces instants pendant lesquels elle percevait à quel point elle était à côté de ses pompes et l'anxiété qui bondissait toujours dans sa gorge, si forte qu'elle la faisait trembler.
« Cela ne te dérangerait pas ? Tu as l'oeil, Nakajima-san. Seule avec Charlie j'aurais un peu peur de ne pas savoir quoi faire en cas de problème, et le refuge est relativement loin... »
Les muscles d'Hanae se détendirent si brusquement qu'elle en eut mal. Elle réprima une grimace en même temps que son coeur bondissait dans sa poitrine. Parfois, c'était une malédiction, cette hypersensibilité de tous les instants. Elle se sentait comme un personnage de farce : incapable de communiquer avec ses congénères, le moindre évènement vécu comme une tempête, chaque instant un drame personnel.
« Et toi, ça te dirait d'aller chez Nakajima-san pour la soirée ? On va prendre ça pour un oui, d'accord ? »
Hanae ne put s'empêcher de sourire, peut-être d'une manière un peu trop expansive pour la nature réservée des japonais. Elle était heureuse de ne pas passer la soirée seule, pour une fois. Elle adorait sa solitude, souvent, bien sûr - rien de tel que d'être seul pour se plonger dans un bon livre - mais la compagnie... C'était ce qui lui manquait le plus souvent. Elle trouvait ça si difficile de se lier à quelqu'un... C'était trop peu naturel pour elle, et en même temps, elle en souffrait tant que ça pouvait la rendre malade.
« Ne bouge pas, je vais nous appeler un taxi et m'assurer que l'équipe de veille est prête à prendre la relève. »
C'était une tâche qu'elle avait l'habitude d'accomplir. Elle tenait le refuge tous les soirs après les cours, après tout. Parfois c'était très fatiguant, mais elle n'en était pas encore là. Elle fit un petit signe à Tsubame pendant qu'elle leur appelait un taxi pour rentrer dans son loft en duplex. Elle salua les membres de l'équipe qui prendraient la relève une fois qu'elle fut sûre qu'ils avaient tout ce qu'il leur fallait, puis enfila son long manteau mauve pâle, celui qu'elle aimait plus que tout sortir quand l'hiver pointait le bout de son nez, et plaça le coussin de Charlie dans une caisse de transport qu'elle laissa ouverte afin qu'il se meuve comme il le souhaitait.
« Le taxi vient d'arriver, on peut y aller. Au fait, c'est moi qui offre ! »
Avec un clin d'oeil, elle s'élança, la caisse de Charlie dans ses bras. Elle ne faisait pas grand mystère de son aisance financière, s'en servant volontiers pour offrir des aisances aux gens qu'elle appréciait. Prendre un taxi plutôt que de batailler avec le vent, un chiot fatigué mais trop curieux dans les bras était incontestablement l'un des avantages de l'argent qui lui venait de ses parents. Les deux jeunes femmes s'installèrent à l'arrière et, quand elles furent attachées, Hanae transféra la caisse sur les genoux de Tsubame, égarant une caresse sur le crâne de Charlie, qui s'était endormi en tétant le coussin.
« On sera bientôt arrivées. Si tu veux, on pourrait aussi manger chez moi. On pourrait commander ou cuisiner, comme tu veux. Je... Hum. Je ne reçois pas très souvent. »
Le bel euphémisme.

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Hanae avait encore l'anxiété au coeur, mais moins fort cette fois. Elle était arrivée à se maîtriser, mise en confiance par le tendre enthousiasme de Tsubame. C'était plutôt communicatif, et puis la première fois était toujours la plus difficile. Le problème était qu'Hanae avait l'impression de n'affronter que ça, des premières fois éternellement.
« Avec plaisir ! Je peux t'aider à cuisiner si tu veux. Je ne suis pas un as de la casserole mais ma famille adorait ma cuisine. »
Hanae sourit, enchantée. Elle avait laissé le choix à son amie et l'aurait respecté, mais elle adorait cuisiner et possédait les qualités qu'il fallait pour se montrer doué dans le domaine. Elle avait même une petite section de son plan de travail entièrement dédié à ses livres de cuisine - elle devait en avoir une trentaine maintenant, sans compter celui qu'elle écrivait au fur et à mesure de ses tentatives culinaires, pour le transmettre un jour peut-être à ses enfants, si elle en avait.
« Pour être honnête, c'est la première fois qu'on m'invite également. Je n'ai pas de cadeau à t'offrir mais merci, cela me fait très plaisir. »
Avec un petit rougissement, Hanae agita légèrement la main, un rire délicat au bout des lèvres.
« Pas besoin de cadeau. Le fait que tu aies accepté en est déjà un en soi. »
Elles arrivèrent bientôt dans un quartier plutôt sage, où seule brillait l'enseigne d'un maraîcher encore ouvert. Quelques toits plus tard se trouvait la ferme rénovée où vivait Hanae. La vieille bâtisse s'était transformée en loft de deux étages entouré de pelouse soigneusement clôturée. On pouvait apercevoir un bout de potager depuis l'endroit où le taxi se gara. Radieuse et fière de faire découvrir son petit chez-soi, Hanae sortit de la voiture après avoir payé la course et laissé un généreux pourboire. Il ne lui fallut qu'un instant, après avoir sorti ses clés, pour prendre la caisse contenant un adorable Charlie endormi, permettant ainsi à Tsubame de sortir à son tour.
« Oh là là, je n'arrive pas à me souvenir de comment j'ai laissé l'intérieur... J'espère que j'ai rangé avant de partir ! »
Rendue maladroite par son chargement, elle déverrouilla la porte et désactiva immédiatement l'alarme. Posant la caisse sur le sol avec un petit soupir de soulagement - ça pesait son poids ! - elle ôta ensuite ses chaussures et, jugeant que Tsubame faisait sans doute la même pointure qu'elle, elle lui tendit une paire de chaussons avec un coup d'oeil alentours. Ouf, pas de chaussette par terre, ni rien de sale, elle avait bel et bien fait le ménage.
« Fais comme chez toi ! »
Archibald, le chat qu'Hanae avait adopté, pointa vite le bout de son nez avec un miaulement dont le son rond et doux emplissait toujours la jeune femme de ravissement. Âgé de presqu'un an, Archie avait été trouvé dans un sac poubelle fermé devant les portes du refuge. La personne qui avait fait ça n'avait même pas sonné, sans doute parce qu'au Japon il fallait payer quand on déposait un animal dans une SPA. Aujourd'hui, Archie avait reprit du poil de la bête et était la plus adorable boule d'amour qu'il soit au monde.
« Archie, je te présente Charlie. Tu vas être très gentil avec lui, n'est-ce pas mon coeur ? »
Le miaou qui lui répondit gonfla son coeur de tendresse.

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Le coeur d'Hanae battait toujours plus vif quand Archibald était dans son champ de vision. Elle l'aimait si fort qu'elle avait parfois l'impression que cet amour était tangible. Elle n'aimait pas partir trop longtemps de chez elle, même si la radio était toujours allumée pour lui faire comme une présence et qu'elle lui laissait des croquettes et de l'eau en suffisante. Depuis qu'elle avait adopté son adorable bébé, elle avait même dans son portefeuille une carte qui, en cas d'urgence, signalait qu'elle était la propriétaire d'un animal dont il fallait s'occuper.
« Oh ! Il est tellement mignon ! Il s'appelle Archie ? Est-ce que tu as d'autres animaux ? »
« Non, Archibald est mon seul régulier. Je l'ai appelé comme ça parce que l'un de mes personnages préférés d'un roman français porte ce nom et qu'il a le même air un peu fripon... Tu ne trouves pas ? À part lui, je suis aussi famille d'accueil, notamment pour des animaux traumatisés. Je n'ai personne pour l'instant, mais ça ne va sans doute pas tarder avec l'hiver qui approche... »
Tendant la main vers son chat, Hanae émit un petit bruit de bouche, et l'animal, prenant appui sur sa paume tendue, bondit pour s'installer sur ses épaules, allongé de tout son long, la tête sur la naissance de sa poitrine et les pattes sur son épaule. Il ronronnait comme un forcené sous la main d'Hanae, qui lui grattait les oreilles avec douceur.
« Figure-toi qu'Archie, en plus d'être un sublime jeune gars, est aussi savant ! Il aime apprendre des tours. Celui-ci est le premier que je lui ai appris. Approche, il aimera que tu le caresses, je pense. »
Comme dotée d'un sixième sens, Hanae avait capté les hésitations de sa presqu'amie et lui offrait cette première expérience féline. Qui de mieux qu'Archie, si affectueux, si tendre, pour cela ?
« Tu préfères manger asiatique ou occidental ? J'ai de quoi cuisiner les deux dans le frigo. »

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Hanae était sincèrement heureuse d'avoir chez elle quelqu'un qui aimait les animaux autant qu'elle. Alors que Tsubame faisait la connaissance d'Archie, elle-même gardait un oeil sur Charlie qui semblait avoir la bougeotte même dans son sommeil. C'était si adorable que la jeune femme sentait son coeur fondre. Les ronronnements appréciateurs d'Archibald sous les attentions de deux humaines en même temps faisaient vibrer sa nuque, il plissait les yeux de bonheur, et ça aussi tirait d'Hanae un sourire conquis.
« Mmmh... je n'ai jamais eu l'occasion de tester la nourriture occidentale autre que les habituels hamburger et fastfood du genre. Je vote occidental ! »
Ainsi soit-il, songea Hanae. Elle, elle cuisinait indifféremment des deux, en fonction de ses envies du jour, et n'avait jamais d'invité à qui proposer de cuisiner selon d'autres goûts que les siens. Elle ressentait une petite pointe de cette angoisse d'être à la hauteur, de suffire, de donner envie de revenir, mais cette crainte n'était rien par rapport à la satisfaction qu'elle ressentait à l'idée d'être avec quelqu'un qu'elle appréciait ce soir.
« Est-ce que je peux l'emmener dans le salon ? Pour qu'il reste avec nous. »
« Oh, bien sûr ! Je vais aller lui mettre une couverture sur le canapé, tu pourras le mettre là et lui faire quitter cette boîte comme ça. »
Son instinct lui avait soufflé qu'une ombre pesait sur les pensées de Tsubame à cet instant, qu'elle avait besoin d'un peu de solitude pour l'éloigner, et elle ne se serait jamais imposée dans ce genre de situation. Son chat toujours sur les épaules, elle se dirigea vers le vaste salon où trônait une magnifique cheminée. La cuisine ouverte prenait elle aussi un espace plus que satisfaisant pour qui aimait cet art, avec tous ses outils à la fois rutilants et visiblement fréquemment utilisés. Hanae alla chercher un plaid moelleux et chaud, l'arrangeant sur le coin du canapé en angle en un petit nid confortable qui accueillerait bien volontiers un chiot fatigué. Puis elle posa Archie sur son arbre à chat et alla voir ce qu'elle avait exactement au frigo.
« Hum... J'ai de quoi faire des pitas. C'est une sorte de crêpe fourrée avec de la viande, de la sauce et des légumes, dont des poivrons et des oignons. Ca se mange avec les doigts et c'est un peu salissant, mais vraiment très bon, je trouve. Cela te conviendrait ? »

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« Je suis désolée, j'ai oublié de te dire que je ne mange pas de viande... enfin je mange du poisson. J'aurais dû le préciser dès le départ. J'espère que ça ne te pose pas de problème ? Tu peux faire comme tu fais normalement, juste sans la viande. »
Hanae fouillait dans le frigo quand elle entendit à nouveau la voix de Tsubame. Elle se redressa lentement, se laissant le temps de capter les accents d'incertitude dans la voix de sa presqu'amie et de réfléchir à comment y réagir. Elle frissonna légèrement, pétrie par la crainte de mal faire, de blesser une personne qui commençait à vraiment compter pour elle. Il lui fallut inspirer profondément pour se reprendre ; et encore, elle se sentait encore fébrile.
« Ce n'est pas du tout un souci, ne t'en fais pas. J'ai un bloc de tofu dans le congélateur, et je me demandais justement depuis un moment ce que j'allais en faire. Ca te dirait de l'utiliser à la place de la viande pour toi ? »
Retournant vers le plan de travail, elle amena à elle le classeur rempli des fiches de recettes qu'elle avait écrites au fur et à mesure de ses expérimentations. Son écriture soignée et délicate couvrait des pages et des pages, accompagnée de photos de ses plats prises dans une lumière digne des meilleures instagrameuses que la toile ait connue. L'influence des conseils que Charlie - l'homme, pas le chien - lui avait envoyés au fur et à mesure de leur correspondance.
« J'ai un faible pour le mélange de poivrons verts, jaunes et rouges. Et toi ? Si tu préfères on peut n'en mettre qu'une sorte. Il y a aussi des oignons, éventuellement du maïs, et de la sauce épicée. »
Les yeux brillants de plaisir anticipé, Hanae frétillait, impatiente de se mettre à l'ouvrage.

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« Tout m'as l'air délicieux, alors je te laisse voir. Je suis curieuse de connaître le goût ! »
Tsubame ayant accepté le tofu, Hanae le sortit du congélateur, le déballa et le mit au micro-ondes en mode décongélation. Ensuite, elle prit les poivrons et une carotte de maïs au frigo ainsi qu'un oignon dans un pot qu'elle leur avait dédié. Pour la sauce, il lui en restait de la dernière fois qu'elle avait mangé de la pita, et après une petite réflexion elle décida de ne pas en refaire, allant la chercher dans un autre casier de son congélateur.
« Est-ce que tu veux que je mette la table en attendant que tu finisses ? Ou bien autre chose pour t'aider peut-être ? »
« Oh, oui, je veux bien. tu trouveras les assiettes et les verres dans l'armoire à ta gauche, et des couverts occidentaux dans le tiroir à côté de ta hanche. On aura besoin de sous-plats, et peut-être de sets de table, ils sont dans le tiroir juste en dessous. Pour m'aider, tu pourrais peut-être cuire le tofu quand il aura fini de décongeler ? Ainsi je pourrai m'occuper de la sauce et des légumes, ainsi que de ma portion à moi. »
Hanae aimait bien le tofu de temps à autres mais avait vraiment envie de viande. Elle espérait que Tsubame n'en serait pas dérangée... Lorsque le tofu fut décongelé, elle plaça le ravier de sauce à la place dans le micro-ondes, puis fit chauffer un peu d'huile d'olive dans une poêle et y fit bientôt cuire les trois poivrons qu'elle avait dûment découpés, de même que l'oignon. Elle avait les yeux qui brûlaient, mais l'odeur délicieuse qui se dégagea bientôt de sa préparation, d'autant plus quand elle l'épiça généreusement, fut une gratification.
« Tout va bien de ton côté ? Et Charlie ? »
Tout en posant la question, Hanae jeta par réflexe un oeil vers le salon qu'elle apercevait presqu'entièrement depuis son poste en cuisine. Archie avait rejoint Charlie et s'était roulé en boule contre lui, lui léchant la base de la nuque. Le chiot, qui s'était réveillé, se laissait faire plus que volontiers.
« Eh bien, ils sont copains on dirait. C'est chouette ! »

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« Est-ce que tu sors Archie des fois ? »
Cette question la fit rire. Plusieurs fois, elle avait voulu passer un harnais à Archie pour le sortir. À chaque fois, il l'avait regardée d'un air profondément indigné et trouvé quelque chose pour venger son honneur. La dernière fois, c'était le fauteuil qui avait payé les prétentions de sa jeune maîtresse, et elle avait choisi de ne pas le faire réparer, histoire de ne pas oublier. Le dos du canapé portait donc toujours les traces de griffes du chat qui, par ailleurs, se cantonnait habituellement à son arbre près de la télévision.
« Il ne va dehors que quand il fait chaud et sec, et uniquement dans le jardin. Il n'a jamais essayé d'aller plus loin ou de sortir quand il faisait froid ou pluvieux. J'ai adopté une diva, que veux-tu. »
Une tendresse profonde habitait sa voix quand elle parlait de son chat chéri. Elle l'aimait si fort que parfois l'intensité de cet amour l'effrayait. Avec lui, elle ne se sentait jamais seule. Il sentait les moments où elle avait besoin de lui et de sa tendresse, et la lui offrait toujours sans réserve. Il avait son petit caractère bien sûr, mais cela ne faisait que rehausser sa perfection.
« Il neige ici ? C'est la première fois que j'expérimente le froid comme ça. Je n'ai jamais vu la neige de ma vie non plus, du coup j'espère un peu en voir cet hiver. »
« Oh, ne t'en fais pas, il va neiger cet hiver. Je suis même assez sûre que ça va commencer plus tôt que prévu. J'espère que la découverte te plaira. Moi, j'aime voir la neige, mais seulement quand je suis au chaud. Je suis très sensible au froid et je n'aime pas vraiment la sensation. »
Son visage se ferma un peu, juste un peu, puis elle reprit son air paisiblement joyeux. Une délicieuse odeur flottait à présent dans la cuisine. Elle éteignit le feu sous les deux préparations, une végétarienne et l'autre non, et sortit une troisième poêle de l'armoire. Elle prit une crêpe à pita prête à cuire, la passa sous l'eau, et la fit cuire trente seconde par face, avant de réitérer l'opération pour une seconde. Si elles avaient encore faim après, il en resterait.
« Voilà, c'est prêt ! »
Impatiente de partager son repas avec Tsubame, elle mit les crêpes dans les assiettes et apporta les deux plats, un pour chacune, ainsi que de l'eau et du soda, tout en lui expliquant comment disposer les condiments et la sauce dans sa crêpe avant de la refermer.
« J'espère que tu aimeras ! »

Citation :

désolée pour l'attente

cute little dog

Tsubame & Hanae

Tsubame n'avait pas besoin que Nakajima-san le dise ; son regard, l'intonation de sa voix et même son regard débordaient de tout l'amour qu'elle portait à Archie la diva du canapé. Un sourire à la fois amusé et tendre étira les lèvres de la japonaise alors qu'elle se re-concentrait sur sa tâche. En vrai ça ne l'étonnait pas vraiment. Avec un tel pelage, le chat devait sûrement être un nid à poussières et à feuilles s'il s'aventurai dehors en plein automne, par exemple.

S'étant tournée pour observer brièvement le salon, Tsubame ne remarqua pas l'ombre qui voilà brièvement le visage de sa jeune amie lorsqu'elle parla de l'hiver. Alors elle continua simplement de sourire, un sourire de quiétude et d'apaisement. C'était agréable, ici. Il y avait comme une douce chaleur qui s'installait de plus en plus confortablement, et l'idée clichée de boire une tasse de chocolat chaud entre amies, assises sur le canapé alors qu'il neigeait dehors traversa l'esprit de Tsubame. Elle aimerait bien expérimenter cette chaleur enveloppé d'un froid blanc.

« Mmmh... » fit la nippone d'un air rêveur.

Interpellée par le bruit de la poêle, elle observa Nakajima-san faire avec attention, un peu intriguée et curieuse. Son attention revenait sur le plat particulier de la soirée, et lorsque tout fut prêt, une certaine excitation la prit.

« Super ! »

La joie toute simple qui se lu sur son visage avait l'innocence d'un enfant.
Prenant place autour de la table, elle fit sa petite bénédiction traditionnelle, et observa brièvement Nakajima-san faire avant de reproduire la même chose, moins la viande et plus le tofu.
La première bouchée fut un délice.

« C'est... c'est délicieux ! »

Plaçant sa main devant sa bouche, elle savoura sa bouchée avec un brin de surprise dans le regard, se demandant comment elle avait pu rater un plat aussi simple à réaliser jusqu'à présent. Nul doute qu'il y avait bien des choses qu'elle ignorait, mais c'était définitivement quelque chose qu'elle pouvait refaire chez elle de temps à autres.
Hochant la tête, conquise, elle félicita son amie.

« Merci pour la découverte, il est fort probable que je m'en refasse de temps en temps. »

Nouvelle bouchée, un sourire creusant de petites fossettes alors qu'elle gardait la bouche fermée.

WINTER SOLDIER

Citation :

HRP : meuh non