every night fucks every day up / tao

ça fait chier d'être poussé à vivre.
ça fait chier d'être jeté dans la rue par son propre père.
ça fait chier d'être seul.
(y'a des jours, comme ça)
c'est pas grave. demain sera sûrement pire, et après-demain, vaut mieux pas y penser. c'est la même mélodie, et le même décor, toutes les heures, chaque seconde. tao remplit ses poumons de la poussières qui lui pique les yeux, et il sait qu'il va peut-être pas en crever. ses doigts pianotent sur l'écran de son téléphone parsemé d'éclats, envoie quelque chose à maya du style de "jcrois que j'ai plus dmaison" et il rigole derrière le petit objet, parce que c'est marrant, la détresse. le froid s'empare de sa peau et la marque de frissons, c'est un peu trop tard pour être en vie dans les rues de tokyo. pourtant, tao, il est bel et bien là. comme d'habitude. il est jamais vraiment où il faut. c'est c'que son connard de père lui a crié, mais il sait déjà, c'est pas nouveau à ses oreilles. on s'en fout de ses partitions, le piano c'est monochrome et ça plaît à personne. les cordes, on en est tous lassés. "t'as rien d'un artiste", "c'est pas comme ça que tu vas gagner ta vie", "réveille toi", et maman qui s'excuse dans le fond, "il le pense pas, tu sais". tao qui hausse les épaules parce qu'il s'en fout, mais la petite fissure dans le mur de la cuisine qui le trahi. c'est tao. le sourire aussi brusque qu'un coup dans le mur. indécis dans ce qu'il ressent mais honnête quand ça frappe le myocarde.
mais c'est pas grave, hein? c'est pas grave du tout. trimbaler son cœur par terre, se parer avec la misère. c'est rien. et pourtant, tao se sent triste à en mourir, ça se bloque dans sa gorge et il comprend pas vraiment pourquoi ça fait mal de partout.

mais il pleure pas, tao. ses lèvres se pinçent, mais y'a rien.
non, il préfère aller s'déchirer l'existence plus loin dans les ruelles.