Les erreurs de jeunesse font les regrets de demain - Feat : Ruka Kiriyama

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Les erreurs de jeunesse font les regrets de demain

Feat : Kiriyama Ruka

「あつささむさもひがんまで」

Il n’y avait pas plus embarrassant que de faire une bêtise et se faire choper sur le fait. Il n’y avait pas plus embarrassant que de faire une bêtise et se faire choper – alors que les autres s’en sont sortis indemnes.
Bloquée sur une chaise par la main ferme du gérant du magasin posée sur son épaule, Risa fixait le sol en tapant du bout de sa chaussure contre l’un des pieds du meuble, la mine boudeuse. Les bras croisés, elle grommelait qu’elle pourrait partir sans faire de tapage, et l’homme lui rétorqua qu’il pourrait appeler la police.

Déglutissement.
Goutte de sueur.

Déjà que sa sœur allait l’assassiner, si en plus il y mêlait les flics, ça serait encore pire !

Ce n’était pas grand-chose, vraiment. Même si elle maudissait ses amis qui lui avaient assurés que ça serait sans risque. Sans risque. Risa avait même piqué le maquillage de sa grande sœur, ainsi que quelques vêtements, pour faire plus ‘‘adulte’’. On lui avait assuré que pour les filles, c’était plus facile de se faire passer pour plus âgée. Un décolleté – un peu rembourré –, une jupe courte, du maquillage et hop ! Le tour était joué. Franchement, elle n’aurait pas pu penser qu’ils tomberaient sur un vendeur à cheval sur les consignes et qu’il leur demanderait leurs pièces d’identités.
Et elle n’avait pas imaginé que, l’entourloupe révélée, ses amis se sauveraient en courant en emportant une bouteille de saké au passagr. Ils étaient juste censés acheter l’alcool ! Pas le voler ! Risa était restée plantée là, l’air bête et abasourdie, juste le temps de se faire agripper le bras par le gérant. Elle avait assuré qu’elle ne voulait pas voler, juste acheter ! Et maintenant, elle devait payer pour le mauvais coup de autres, quelle plaie.

Faire les yeux doux n’avait pas marché. Supplier de le dédommager non plus. Il était absolument certain que ça ne marcherait pas plus auprès de Ruka. D’ailleurs, quand la silhouette de son aînée apparut au loin, la plus jeune planqua son visage – au maquillage maladroitement baveux – derrière ses paumes, comme une tentative désespérée de disparaitre. Peut-être une prière silencieuse aussi.

Ce n’était pas censé tourner aussi mal, juré.

Les erreurs de jeunesse font les regrets de demain

Ruka & Risa
Un sourire aguicheur, un regard amoureux, des paroles doucereuses. C'était le quotidien de Ruka. Exercer un tel métier pour une femme qui ne considère pas les hommes, c'est quelque chose de facilement irritant. Faire la fille douce, aguichante, faire semblant d'être amoureuse du client, le complimenter, boire avec lui, autant de choses qu'une hôtesse se doit de faire. Autant de choses qui ne conviennent pas à une femme comme elle. Six ans, six ans à exercer un métier qui ne lui plaît pas, six ans à espérer trouver un jour un autre travail, plus agréable pour elle. Mais toujours rien. C travail était le seul qui lui permettait de subvenir aux besoin de sa sœur et d'elle-même. Alors elle s'était crée un autre visage, il y avait une Ruka au travail, et une Ruka en dehors du travail.

Elle était assise à côté d'un client, un habitué de la maison, un quarantenaire en peine d'amour. Il lui faisait plus pitié qu'autre chose. Il cherchait de l'amour, de l'affection, ce dont il manquait depuis son divorce. Alors il venait dans ce club pour chercher un peu de chaleur, et c'était sur Ruka que c'était tombé, il l'avait choisit elle, plutôt qu'une autre, et régulièrement elle s'asseyait à ses côtés, l'écoutait souvent se lamenter, le réconfortait, faisait son rôle d'hôtesse. Elle prenait de ses nouvelles par mail, comme le voulait le métier, tout comme elle le faisait avec de nombreux clients. Elle en voyait certains en dehors, ce n'était pas une chose qui la réjouissait, mais ça augmentait sa paie, alors elle faisait avec.

-Kiriyama san, téléphone pour toi !

Ruka s'excusa auprès de son client et alla prendre l'appel, étonnée qu'on l'appelle au travail. Cela ne signifiait rien de bon à ses yeux, ça concernait sûrement ça sœur, encore une fois. Dernièrement elle enchaînait connerie sur connerie, ce qui n'aidait pas vraiment la situation. Le téléphone collé contre l'oreille, une voix inconnue la salua avant de lui expliquer la situation. Ruka répondit brièvement, s'excusant. Elle promit de venir la chercher aussitôt et elle raccrocha. Un soupir d'agacement s'échappa de ses lèvres. Une fois encore, Risa avait dépassé les bornes. Ruka s'excusa auprès de la gérante et lui demanda pour partir plus tôt en lui expliquant la situation. La gérante accepta. Elle avait toujours soutenue Ruka et lui était souvent d'une grande aide, surtout concernant Risa. Ruka alla se changer, ne désirant pas aller chercher sa sœur dans cette tenue. Elle enfila un jean, un t-shirt et une veste, avant d'attraper son sac à main et de sortir du club.

Elle s'installa au volant de sa voiture et démarra le moteur. Encore une fois, elle était appelée. Risa avait encore fait une connerie, et plus le temps passait, plus ça devenait grave. Le magasin où sa sœur avait été prit en faute se trouvait dans le même quartier que là où elle travaillait, elle ne mit pas longtemps à le rejoindre. Ruka se questionnait souvent ses derniers temps à propos de sa sœur, pourquoi agissait-elle ainsi ? Avait-elle manqué quelque chose dans son éducation ? Est-ce qu'elle faisait ça pour avoir de l'attention ? Mais seize ans, c'était l'adolescence, l'âge de la rébellion. Ruka ne se souvenait pas avoir un jour agit de la sorte. Elle, à seize ans, on lui avait collé des responsabilités qui la dépassait, et elle n'avait pas eu le droit à l'erreur. Elle ne pouvait pas se permettre de faire des conneries, de se rebeller, parce que sinon, elle aurait laissé sa sœur seule, sans personne pour elle. Une fois garée sur une place devant le magasin, Ruka entra. Sa sœur était assise sur une chaise, le visage caché dans ses mains, et le gérant était debout à côté d'elle.

-Risa !

Ruka s'avança jusqu'à eux avant de saluer le vendeur.

-Je vous prie d'excuser ma sœur pour cette incident. Je paierais pour ça ! Déclara-t-elle en baissant légèrement la tête, courbant le dos pour s'excuser.

Elle se tourna ensuite vers sa sœur, dont la tête était toujours enfouie dans ses mains.

-Risa, excuses toi ! Déclara-t-elle d'un ton ferme.

Ruka s'excusa encore auprès du vendeur qui ne comptait pas porter plainte, se contentant d'un simple avertissement auprès de Risa. Ruka le remercia mainte fois avant de sortir, accompagné de sa sœur. Une fois dehors, elle s'installa du côté conducteur sans un mot, sa sœur sur le siège passager. Elle conduisit jusqu'à leur appartement. Dans la voiture régnait un silence pesant. Une fois arrivées chez elles, Ruka se tourna vers sa sœur.

-Très bien. Maintenant tu vas m'expliquer ce qui t'as pris de faire ça ? Et regarde toi ! C'est quoi ces vêtements ? Et ce maquillage ! Tu cherchais quoi en t'habillant comme ça ? A faire plus adulte ? Crois moi c'est raté, tout ce à quoi tu ressemble avec ce maquillage, c'est à une traînée ! Alors maintenant explique moi pourquoi tu as fais ça !

Ruka parlait sur un ton ferme, sans pour autant lui crier dessus. Elle fusillait sa sœur du regard et exigeait des explications de sa part.

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Feat : Kiriyama Ruka

「あつささむさもひがんまで」

Ih !
Entendre sa sœur l’appeler lui avait collé des frissons dans la nuque, rentrant sa tête dans ses épaules. Si les kamis voulaient l’aider, c’était le moment.
Non ?
Non.
Quand Ruka lui ordonna de s’excuser, elle se redressa immédiatement en s’inclinant bassement, les mains sur les cuisses : « Excusez-moi ! Je suis infiniment désolée ! » les yeux fermés. Et elle recommença autant de fois qu’il était possible avant de partir auprès de son aînée. Elle voulait juste que cet instant passe. Bien qu’elle ne soit pas sûre que celui-ci soit si aisément oublié.
Risa se mordait les lèvres, dans la voiture, jetant de petits regards brefs vers sa sœur. Evitant à tout prix de croiser le sien mais, surtout, pour jauger de son niveau de colère. Dans un fin soupir, elle posa sa tempe contre la vitre, laissant ses yeux se perdre sur les lumières de Shibuya, à l’extérieur. Ses amis devaient bien s’amuser en ce moment. Elle aurait aimé avoir la jugeote de prendre ses jambes à son cou, elle aussi. Elle aurait été avec eux, maintenant. Risa ne pensait pas encore que l’idée, à sa source, était mauvaise. Sur l’instant, ça lui semblait bien, même encore à présent. Encore plus si c’était poussé par les autres. Ils étaient cools, bien plus qu’elle. Alors ils savaient comment agir de façon cool.

Arrivées, la plus jeune se redressa soudainement « Je – ! » serrant ses poings contre ses cuisses, elle essaya de couper la parole à Ruka dès le début des remontrances pour les faire cesser mais, sans succès. Elle attendit alors la suite de celles-ci, la tête baissée. Le mot ‘‘trainée’’ lui fit mal, comme un choc derrière la nuque et elle croisa ses bras contre sa poitrine, qu’elle trouvait un peu trop dévoilée à présent, bien que la cadette ne voulait se le reconnaitre pleinement «…Je…je me trouve jolie comme ça ! Et… » Risa se mordit les lèvres de plus belle, son cœur tambourinait avec force contre son étroite cage thoracique «… Ils disaient … que ça serait cool si … on avait de l’alcool. Alors ils voulaient en acheter. Les garçons voulaient boire. » Elle redressa la tête vers son aînée « Je voulais rien voler oneesan ! Je te le jure ! »
Risa serra les poings contre elle, son regard ayant bien du mal à soutenir celui de sa sœur «… Ils ont dit que ... mh… si je m’habillais comme ça, ça serait facile. Je… » Plus elle parlait, plus la jeunette avait l’impression de perdre son assurance, comme si elle s’enfonçait. «… Je pensais pas qu’ils voleraient comme ça en fuyant quand le gérant a demandé ma carte d’identité. » Elle rabaissa la tête. La cadette Kiriyama était un peu… triste, quelque part. Sans parvenir à être réellement en colère contre eux. Elle chercha son téléphone dans sa poche et le regarda rapidement, comme un réflexe. Pas de messages.
Ils ne lui avaient même pas demandé si ça allait.
Alors, elle le laissa retomber contre ses genoux en soupirant, avant de tirer légèrement sur les vêtements.
«…Tu trouves vraiment …que ça fait trainée ? » Elle grimaça.
Ok, ça lui était peut-être un peu trop resté en tête.

Les erreurs de jeunesse font les regrets de demain

Ruka & Risa
Ruka écouta les explications de sa sœur, les bras croisés, le regard dur. Dernièrement, elle trouvait que les fréquentations de sa sœur étaient devenues mauvaises, ses amis avaient une mauvaise influence sur elle. Au début elle se disait que ça irait, que Risa finirait par s'en rendre compte, mais il fallait se rendre à l'évidence, sa sœur était bien trop naïve pour s'en rendre compte d'elle même, et trop butée pour reconnaître ses erreurs. Elle ne voyait pas d'autre choix que de le lui faire réaliser en lui interdisant de les revoir. Ruka n'aimait pas endosser ce rôle. Elle était sa sœur, et non sa sœur, pourtant elle n'avait pas vraiment le choix, elle était la seule personne qui lui restait, et la seule à pouvoir la remettre dans le droit chemin.

-Risa ! Tu as seize ans ! Tu es encore mineure. Tu sais très bien que l'alcool t'est interdit tout comme pour tes amis ! S'exclama Ruka en soupirant.

Dix ans, dix ans qu'elle s'occupait de l'éducation de sœur, dix ans qu'elle se battait pour s'en sortir. Dix ans qu'elle se démenait comme elle le pouvait. Jamais elle ne s'était plaint, jamais elle n'avait montré le moindre signe de faiblesse, de fatigue. Et pourtant, il lui était arrivé de nombreuses fois de vouloir baisser les bras, mais elle s'était toujours reprise.

-Tu crois vraiment que les vendeurs sont stupides au point de vendre de l'alcool aux mineurs ? Qu'il suffit de s'habiller comme ça pour faire plus « adulte » pour réussir à les berner ? Risa, tu as seize ans, et crois moi, tu les fais bien ! C'était évident que le vendeur allait vous demander votre carte d'identité ! Poursuivit Ruka.

Elle ne comprenait pas pourquoi sa sœur agissait ainsi, pourquoi elle fréquentait ces lycéens qui avaient clairement une mauvaise influence sur elle. La crise d'adolescence, sans doute, mais cela ne facilitait pas la tâche de Ruka.

-Et tu dis que ce sont tes amis ? De vrais amis ne fuient pas en laissant l'un des leurs derrière ! Ils affrontent les problèmes ensemble ! Est-ce qu'il t'ont contacté depuis ? Est-ce qu'ils se sont inquiétés pour toi ? Demanda Ruka sur un ton ferme.

En voyant le regard de sa sœur sur son portable, Ruka sut que ce n'était pas le cas. Elle s'en était douté, ce n'était pas de bonnes fréquentation, et il fallait que sa sœur cesse de les fréquenter. Cet incident restait moindre, mais si ils la poussaient à aller plus loin, Ruka imaginait le pire. A la question de sa sœur, Ruka lâcha un nouveau soupir.

-Risa, est-ce que tu t'es vraiment regardé avant de sortir ? Mettre une tonne de maquillage et des vêtements qui font plus femme, ça ne te rend pas plus adulte pour autant ! Tu reste une lycéenne de seize ans ! Peu importe comment tu essaieras de te vieillir, ça ne changera rien ! Répondit-elle.

Ruka avait conscience que pour que sa sœur comprenne la leçon, elle ne devait pas se contenter d'un sermon. Elle devait s'assurer qu'elle ne se laisserait pas encore influencer par son « groupe » d'amis.

-J'imagine que tu sais que je ne vais pas me contenter d'un simple sermon ? Risa, j'espère que tu as conscience que dernièrement, tu ne fais que des conneries ? Je ne peux pas te laisser continuer comme ça, déclara Ruka.

Peut-être que sa sœur la trouvera injuste, peut-être qu'elle la détestera, mais c'était son devoir d'agir pour le bien de sa sœur. Alors il lui fallait une punition exemplaire. Elle tendit la main en direction de sa sœur.

-Ton portable ! Tu es privée de portable pour une semaine ! Je t'interdis aussi de sortie pour la même durée ! Les seuls endroits où tu as le droit de te rendre, c'est au lycée et au café pour travailler. Donc interdiction de sortir avec tes amis, compris ? Et je te préviens, si j'apprends que tu as désobéi, je prolongerais ta punition !

Aux yeux de Ruka, cette punition n'était pas non plus la pire qu'elle aurait pu lui donner. Elle se trouvait encore trop gentille.

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