Sujet: indestructible ? ○ Tsubame & Lian Hua Sam 9 Déc - 12:54
Indestructible
Tsubame & Lian Hua
L'hiver mordait. La période la plus froide de l'année n'avait pas été touchée, seulement effleurée, que déjà la jeune okinawaïenne se demandait pourquoi elle était venue dans la capitale. Salement équipée pour faire face au froid, elle tremblait alors que son corps lui hurlait de retourner sur ses îles au sud, bien au chaud, où l'hiver ne descendait pas sous 15°C. Reniflant, enroulée dans une écharpe tout juste achetée, Tsubame traînait un sac à dos qui semblait remplit de choses volumineuses tant le tissu était tendu ; pour autant, le poids ne pesait pas sur ses épaules. Les bras croisées sur sa poitrine elle descendait une rue pour partir en direction de la gare, décidée à rentrer chez elle pour se rouler sous son plaid, quand une boutique attira son attention. Une mère et son enfant sortait avec un beau bouquet de fleur, le visage souriant, visiblement ravis de leur achat. Des fleurs. Le souvenir des beaux jardins fleuris et des plantes exotiques refit surface tandis que la nostalgie la pris au ventre. Tokyo était vaste, lumineuse, vivante, bruyante ; là d'où elle venait, tout était calme une fois la nuit tombée et les seules fêtes traditionnelles faisaient office de motif pour sortir s'amuser. Okinawa lui manquait. Mais elle avait fait le choix de venir s'installer ici pour une raison bien précise, alors elle n'allait pas tout lâcher maintenant. Réajustant son sac sur son épaule, la demoiselle s'élança vers la boutique de fleurs un peu plus loin, se faisant la réflexion que son appartement manquait de verdure de toute manière. Elle n'avait que très peu de place pour y mettre une plante, mais c'était mieux que rien du tout. Arrivée devant l'enseigne, elle regarda la vitrine quelques instants et un sourire illumina son visage. Un "oooh... kirei..." s'échappa d'entre ses lèvres alors qu'elle essayait d'imaginer toutes ces oeuvres de la nature se faire une place dans son chez elle. Trouvant difficile de faire le choix, elle se résigna à pousser la porte pour entrer dans la boutique. Et là, surprise.
« O... Okita-kun ? »
Son air surpris en disait long. Son nez rouge et ses doigts froids se frictionnant devant sa poitrine témoignaient du froid extérieur ─ ou plutôt de sa faiblesse face au froid. Comment son collègue de restauration pouvait-il se retrouver fleuriste en plein après-midi durant la semaine ? Pour elle, c'était bien son jour de congé, mais lui ? Elle aurait parié qu'il était étudiant. S'avançant légèrement pour ne pas rester plantée devant la porte, elle regarda le jeune homme qui affichait bien la tenue d'un employé.
« Tu travailles ici aussi ? »
Sans forcément juger, elle ne s'était pas attendue à le croiser ici. Sur toutes les boutiques de fleurs que Tokyo abritait, il fallait qu'elle tombe spécifiquement sur la boutique où Okita-kun travaillait. Une sorte de hasard qui la fit sourire. Elle pencha légèrement la tête.
âge : vingt automnes et d'autres encore en sursis. métier : étudiant en anthropologie & ethnologie (deuxième année) & de nombreux jobs étudiants à son actif (chez un fleuriste en semaine, au konbini le soir et une partie de la nuit, dans un restaurant huppé le weekend) les amours : coeur seul, coeur à prendre, coeur offert. quartier : shinjuku la belle, la grande, la dualité.
L’hiver tombait sur Tôkyô. L’hiver tombait le laissant avec un doux sourire aux lèvres et plus de couches de vêtements que nécessaire. Il avait des gens anxieux dans son entourage. Anxieux de le voir faiblir, pâlir, tomber malade. Il ne pouvait pas leur en vouloir. Non. Alors il acceptait le pull chaud, le manteau d’hiver et l’écharpe qui lui mangeait une partie du visage. Il acceptait les bouillotes de poche, et promettait de manger chaud. Promettez de faire attention aussi. Ne serait-ce que sur le chemin entre l’université et la petite boutique de fleurs dans laquelle il travaillait à mi-temps. Il l’aimait bien cette boutique. Elle sentait bon la maison et la nostalgie. La vitrine était envahie par du lierre et autres plantes grimpantes et l’intérieur était cosy, chaleureux, des fleurs dans tous les coins, un côté un peu retro comme décor. Il appréciait toujours de travailler dans l’endroit, ses doigts effleurant feuilles et pétales tandis qu’il préparait une commande. Mais à l’intérieur de l’enseigne, il n’avait ni son gros manteau, ni son écharpe en laine. Non. Juste le pull un peu trop grand, un peu trop large mais confortable et la lumière chauffante pour garder les plantes en bon état. Ca allait. Et il était tout sourire Lian Hua, écoutant le petit bout qui trottinait dans la boutique parler de l’école, du fait que le bouquet était pour sa maîtresse, elle partait en retraite bientôt, le fait qu’il l’aimait beaucoup. La mère confirmait ses dires, le priant de trouver les fleurs les plus colorées, les plus résistantes à l’hiver.
Un sourire aux lèvres et l’étudiant les avait ramené jusqu’à la porte, refermant celle-ci derrière eux tandis qu’il s’essuyait les mains sur son tablier. C’était différent ici, différent du konbini le soir où Jude venait parfois lui tenir compagnie, où les deux voyaient la nuit défiler dans une rythmique habituelle et rassurante. Différent du restaurant huppé où il servait le weekend, bien habillé avec sa chemise blanche, son petit veston noir et son pantalon à pinces. De ce restaurant où les clients n’avaient jamais un mot au dessus des autres, de peur de déranger, et où on n’adressait jamais un regard au personnel. Pas le même monde. Mais il l’aimait bien ce petit restaurant. Il aimait bien aussi Tsubame, une de ses aînés au travail avec qui il échangeait souvent en début de service. Chaque lieu était différent, mais Lian Hua s’y sentait bien. Assez pour ne pas s’inquiéter de son avenir, le rythme soutenu de sa vie bien intégré. Tintement de la clochette de l’entrée et un sourire aux lèvres suivi d’une formule de bienvenue, l’étudiant c’était pourtant arrêté au : « O... Okita-kun ? » Etonnant. Il était surpris. Sans doute pas autant que la jeune femme mais surpris de voir une de ses collègues de travail, Tsubame, dans la petite boutique de fleurs.
« Bonjour Yunabaru-san. Sourire. Il souriait toujours Lian Hua. Il était de ces personnes aux sourires perpétuels, incapable d’être triste ou presque. - Tu travailles ici aussi ? - C’est mon travail principal. Les horaires se couplent bien avec mes études. » S’il avait pu, il n’aurait fait que son travail ici dans cette petite boutique. Natasja sa tendre et douce amie lui disait souvent. Il travaillait trop. Non pas qu’il avait un quelconque choix. Il fallait bien qu’il paye le loyer, qu’il ait de quoi manger et de quoi pouvoir s’occuper de sa mère. « Tu désires quelque chose en particulier ? » Ses mains bien à plat sur son tablier, il venait de faire le tour du comptoir pour la rejoindre, le badge sur le vêtement qu’il portait brillant un instant sous la lumière. ‘Okita Hana’. Le fleuriste lui avait proposé de garder son véritable nom, mais il connaissait les difficultés de prononciations des japonais face à son nom, et préférait qu’on l’appelle Hana. Il était habitué après tout.
Le même sourire que celui qu'elle avait l'habitude de voir l'accueillit ; Tsubame répondit avec un hochement de tête bref et un sourire ravi. Okita-kun était quelqu'un qu'elle appréciait pour sa retenu, sa gentillesse et son professionnalisme. Ils ne travaillaient pas spécialement ensemble ni en même temps, mais elle le voyait à l'oeuvre tous les weekend et aimait bien sa compagnie. Il était posé et dégageait une sorte d'aura apaisante. Fleuriste semblait lui convenir parfaitement. C'était un métier relativement difficile cela dit, qu'elle respectait beaucoup. A sa question, la jeune femme se perdit un peu dans ses pensées, lâchant un "mmmh" de réflexion. Elle regarda les plantes et les fleurs alentours, un peu gênée de ne pas trop savoir ce qu'elle voulait. En y regardant plus attentivement, la végétation n'était pas tout à fait la même et certaines plantes ici ne lui disaient absolument rien.
« Pour être honnête... je ne sais pas trop. Mon studio est un peu fade et je me suis dit qu'y avoir une plante pouvait un peu l'animer. »
Elle replaça une mèche de cheveux derrière ses oreilles, se mordant la lèvre, alors qu'elle regardait un anthurium. Cela lui rappelait le festival il y a dix-sept ans, lorsqu'elle était encore gamine et qu'elle voyait ces grosses fleurs rouges pour la première fois. Des aussi grosses en tout cas. Son regard se reposa sur Okita-kun ; elle remarqua alors la plaque brillant d'un nom japonais. Sans dire qu'elle savait prononcer son prénom, elle savait que Hana n'était pas son prénom officiel. Elle haussa alors un peu les sourcils.
« Hana ? Ca te va drôlement bien vu la boutique. »
Un léger rire amusé s'envola, qu'elle cache derrière son écharpe légèrement remontée. Son regard se posa sur son visage ; fin, mais masculin. Les joues d'un poupon et le cou fin, avec la pomme d'Adam en évidence.
« Excuse moi, je ne m'y étais pas attendue. Mais, hum... je ne connais pas trop ces plantes en vérité, j'en reconnais quelques unes mais je ne sait pas si c'est une bonne idée. Mon studio est orienté ouest et je vis avec un chien. Pas très turbulent certes, mais je ne souhaite pas quelques chose qui puisse l'empoisonner s'il venait à mordre. »
A mesure qu'elle parlait, Tsubame sentait qu'elle était une cliente compliquée. En vrai, pas spécialement, juste une cliente normale et probablement plus facile que ceux qui débarquaient avec des "euh je sais pas faites comme vous voulez". Un peu gênée, elle fit une légère courbette, allant contre l'idée que le client est roi et a le droit d'être capricieux.
« Je suis désolée d'être si compliquée, Okita-kun ! Peut-être une petite plante à placer sur une étagère ? »
Elle se redressa. Toujours à s'embarrasser pour rien et à se sentir empotée quand elle ne l'était pas.
Accueil 
L’hiver tombait sur Tôkyô. L’hiver tombait le laissant avec un doux sourire aux lèvres et plus de couches de vêtements que nécessaire. Il avait des gens anxieux dans son entourage. Anxieux de le voir faiblir, pâlir, tomber malade. Il ne pouvait pas leur en vouloir. Non. Alors il acceptait le pull chaud, le manteau d’hiver et l’écharpe qui lui mangeait une partie du visage. Il acceptait les bouillotes de poche, et promettait de manger chaud. Promettez de faire attention aussi. Ne serait-ce que sur le chemin entre l’université et la petite boutique de fleurs dans laquelle il travaillait à mi-temps. Il l’aimait bien cette boutique. Elle sentait bon la maison et la nostalgie. La vitrine était envahie par du lierre et autres plantes grimpantes et l’intérieur était cosy, chaleureux, des fleurs dans tous les coins, un côté un peu retro comme décor. Il appréciait toujours de travailler dans l’endroit, ses doigts effleurant feuilles et pétales tandis qu’il préparait une commande. Mais à l’intérieur de l’enseigne, il n’avait ni son gros manteau, ni son écharpe en laine. Non. Juste le pull un peu trop grand, un peu trop large mais confortable et la lumière chauffante pour garder les plantes en bon état. Ca allait. Et il était tout sourire Lian Hua, écoutant le petit bout qui trottinait dans la boutique parler de l’école, du fait que le bouquet était pour sa maîtresse, elle partait en retraite bientôt, le fait qu’il l’aimait beaucoup. La mère confirmait ses dires, le priant de trouver les fleurs les plus colorées, les plus résistantes à l’hiver.